De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Avec la tendance à la hausse de la consommation mondiale d'ammoniac, une demande qui augmente de 3% par an, la fermeture prévisible de plusieurs usines à travers le monde du fait du prix élevé du gaz, élément essentiel dans la production de cette matière, la demande a explosé, faisant ainsi passer en quelques années le prix de la tonne de 200 à 850 dollars.Ces données ont amené des opérateurs en Algérie à investir ce créneau prometteur dont l'impact sur les besoins nutritifs mondiaux n'est plus à démontrer. Les nouveaux venus dans le secteur, deux gros investisseurs, Sonatrach et Orascom, ont injecté 1,6 milliard de dollars dans la réalisation de deux complexes pétrochimiques à Arzew, dans la wilaya d'Oran et à Béni Saf, dans la wilaya d'Aïn Témouchent. Ces deux unités en voie d'achèvement produiront 1,32 million de tonnes d'ammoniac et plus d'un million de tonnes d'urée destinée à l'exportation. Ceci catapultera la production nationale qui ne représente que quelque 0,4% de la production mondiale parmi les grands pays exportateurs tels que la Russie, l'Ukraine, le Qatar ou l'Arabie saoudite. En effet, les 2,32 millions de tonnes viendront s'ajouter aux 990 000 tonnes représentant la production annuelle des deux autres complexes pétrochimiques de Fertial, celui d'Arzew et celui de Annaba, ce qui portera la production nationale à plus de 3 millions de tonnes, classant ainsi l'Algérie à la 9e place avec l'Allemagne, l'Egypte et le Pakistan.Ce qui a encouragé Sonatrach, Orascom, un groupe omanais et Fertiberia, dont dépend Fertial, à s'investir dans ce secteur est le fait que les coûts de production de l'ammoniac en Algérie sont très réduits par rapport à ceux des autres pays, ce qui rend le produit compétitif et rentable. En effet, en Algérie le gaz est cédé à prix réduit dit préférentiel conformément aux accords passés en 2005 lors de la reprise de l'ancienne entreprise publique de fabrication d'engrais Asmidal à hauteur de 66% par le groupe espagnol Fertiberia. Le gaz étant un élément essentiel dans la production d'ammoniac ajouté à une main-d'œuvre qualifiée et bon marché, l'offre étant quelque peu réduite, l'investissement s'en est trouvé boosté et la politique de gestion des deux complexes de ce groupe a été révisée. Fertial, qui avait investi depuis la reprise près de 180 millions de dollars dans différents projets ayant trait à la mise à niveau des deux complexes, s'oriente maintenant beaucoup plus vers des objectifs de production qu'elle compte augmenter pour se faire une part plus importante sur le marché mondial.En mars 2010, lors d'une interview accordée à notre journal, M. Jorge Requena Lavergne, administrateur directeur général de Fertial, nous avait déclaré que les capacités (des deux complexes, ndlr) changent par le fait des investissements consentis, cela ne se fait pas du jour au lendemain, il faut passer la commande, fabriquer les équipements, les transporter, les dédouaner, les mettre en place et les mettre en service. Pour le complexe de Annaba, avait-il précisé, la production avait atteint les 280 000 tonnes d'ammoniac et 180 000 tonnes d'engrais, pour les deux complexes réunis, celle-ci est de l'ordre de 632 000 tonnes rien que pour l'ammoniac mais, avait-il précisé, la production augmentera pour atteindre les 900 000 tonnes du premier produit et 300 000 tonnes d'engrais.Aujourd'hui, cette production n'est pas encore effective, cela reste insuffisant et les décideurs du groupe ont consenti un premier investissement de 17 millions d'euros. Cette enveloppe financera essentiellement des travaux de réhabilitation, de maintenance et de rénovation des installations de façon à atteindre les performances fixées. Ainsi, pendant près d'un mois et demi, le complexe Fertial de Annaba a été mis à l'arrêt pour réaliser ces travaux ; près de 20 millions d'euros ont été injectés dans cette opération qui aura certainement un impact positif sur la production. Ceci bien sûr en prenant en compte le volet sécurité qui avait au départ posé bien des problèmes, obligeant le repreneur espagnol à apporter les solutions adéquates. Cela avait permis une nette amélioration de la situation. En 2004, pas moins de 200 accidents, dont 2 mortels avaient été enregistrés, en 2005, il y en a eu 220 et en 2009 seulement 50. Ces résultats ont été possibles grâce aux investissements dans des moyens techniques plus performants et à la formation dont ont bénéficié les équipes de production et d'intervention. Le taux de gravité des accidents était en 2004 de 5,3%, aujourd'hui, il se stabilise autour de 0,027%, le taux de fréquence est passé de 14,5% en 2004 à 2,8% en 2010.Actuellement, la totalité de la production de fertilisants est vendue sur le marché intérieur qui est ainsi couvert à hauteur de 80% avec une marge de 4% estimée insuffisante mais compensée par les bénéfices générés par la vente de l'ammoniac exporté à hauteur de 80% essentiellement vers les pays européens. En 2010, la production d'ammoniac a atteint les 720 000 tonnes dont 640 000 ont été exportées, ce qui est déjà appréciable au vu des productions de 633 000 tonnes dont 613 000 ont été exportées. Avec les nouvelles dispositions et les investissements prévus, Fertial compte augmenter encore la production à l'horizon 2012/2013 pour atteindre le 1 million de tonnes par an. Cette performance sera certainement réalisée au vu des décisions prises mais aussi à la mobilisation des personnels aux compétences avérées autour de cet objectif.