Photo : Riad Par Amirouche Yazid Prise en otage entre décret et contre-décret, l'Université algérienne est paralysée. Une situation chaotique qui, curieusement, ne semble pas perturber pour autant la quiétude de la tutelle. Même si l'année universitaire glisse depuis des mois des amphis vers la rue, sa validation pédagogique est sérieusement compromise, selon des universitaires. Le département de Harraoubia a ainsi fait consensus contre sa gestion. Une gestion décriée par tous les étudiants. Les étudiants des grandes écoles attendent les conférences régionales, puis nationales pour «vérifier la portée de la réponse qu'apporterait le ministère à leurs revendications». Les cours sont toujours suspendus et la contestation est encore au rendez-vous devant le siège du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Il y a manifestement quelque chose de particulier dans la remise en cause du «magister» de M. Rachid Harraoubia. Le ministre fait, en effet, face à deux mécontentements, deux feuilles de revendications : les étudiants du système classique et les étudiants du système LMD. Composé d'étudiants de l'Université d'Alger 3, un rassemblement a été tenu dans la matinée d'hier devant le siège du ministère. Des revendications ont été exprimées également par les étudiants de la faculté de Dely Ibrahim. Les manifestants réclament «la réhabilitation de la licence de l'ancien système en décrétant son équivalence avec le master 1 du système LMD». Ils exigent aussi l'équité dans le nombre de postes budgétaires ouverts pour la post-graduation. A l'heure actuelle, les étudiants de l'ancien système sont soumis à un concours national pour accéder à ce cycle d'études. Les dernières révisions réglementaires apportées par la tutelle n'ont pas convaincu les étudiants du système classique. Ils réclament à ce sujet «l'application des mêmes critères que ceux du master». Autre doléance formulée par les étudiants : l'échelon du titre de licence dans la fonction publique, qui est passé de 14 à 11 points. «Nous voulons retrouver nos 14 points», déclare un étudiant en sciences commerciales. «La reprise des cours n'aura pas lieu sans la satisfaction de nos revendications», tient à souligner un étudiant en sciences de gestion. Notre interlocuteur ajoute : «Notre rassemblement ici est un message pour le ministre qui doit répondre à nos revendications.» A quelques mètres du rassemblement des étudiants de l'ancien système se tenait simultanément un autre rassemblement, initié par les étudiants de la faculté des sciences politiques et de l'information, inscrits au système LMD. Ces étudiants défendent ce système. Ils ne veulent pas que la tutelle revienne en arrière et concède des «concessions» aux étudiants du système classique. «Nous demandons qu'il n'y ait pas des exigences impossibles pour accéder au master et qu'il y ait une équité entre les titres du LMD et ceux du système classique au niveau de la fonction publique», nous dit Billal Allouane, inscrit en troisième année en spécialité «études de sécurité» à la faculté des sciences politiques. «Nous serons toujours en grève jusqu'à promulgation d'un nouveau décret qui valorise notre diplôme», note le même étudiant. On aura ainsi compris que toutes les contestations émanant des universités et des grandes écoles du pays sont une question de décret et de contre-décret promulgués sans un minimum de réflexion. Décréter en décembre pour annuler en mars vide la gouvernance de son sens.