Alassane Ouattara a quitté triomphalement Addis-Abeba où il vient d'être officiellement reconnu en tant que nouveau président de la Côte d'Ivoire pour effectuer sa première visite au Nigeria, tandis que son rival, le chef d'Etat sortant Laurent Gbagbo, refuse toujours de quitter son siège qu'il occupe depuis 2000. Autrement dit, la crise politique qui secoue ce petit pays de l'Afrique de l'Ouest depuis la présidentielle de novembre dernier, et qui a tourné en conflit armée depuis fin février, risque de s'inscrire dans la durée. Ce qui fait craindre à la communauté internationale une nouvelle guerre civile, déjà que les récents affrontements entre les partisans des deux camps ont fait au moins 400 morts et plusieurs centaines d'autres blessés depuis mi-décembre 2010. Ces affrontements se sont poursuivis tout au long de la semaine dernière, durant laquelle de violents combats à l'arme lourde ont eu lieu à Abidjan et dans l'ensemble des villes de la province ouest, frontalière avec le Liberia. Le choix d'Alassane Ouattara de se rendre au Nigeria n'est pas fortuit. Son homologue Goodluck Jonathan, le chef d'Etat du Nigeria, est actuellement à la tête de la présidence tournante de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), dont fait partie la Côte d'Ivoire. La CEDEAO a pris position en faveur de M. Ouattara dès le début de la crise, allant même jusqu'à voter des sanctions contre la Côte d'Ivoire dans le but de pousser à la porte M. Gbagbo. Le retour de M. Ouattara au pays pose toutefois problème puisque Laurent Gbagbo a interdit tout survol aux avions de la mission de l'ONU et des appareils de la force française Licorne, même si les autorités nigérianes essayent de donner des assurances à ce propos. «Nous n'avons pas de crainte à ce sujet», a déclaré le ministère des Affaires étrangères nigérian par la voix de son secrétaire d'Etat, Salamatu Suleiman, repris par les médias. L. M.