Photo : Riad Par Karima Mokrani Les résidents en médecine, en chirurgie dentaire et en pharmacie, à travers tout le territoire national, sont en colère et ils ne le cachent pas. «Médecins en colère, dentistes en colère, pharmaciens en colère», scandaient de nombreux manifestants lors d'une marche organisée, hier, au CHU de Bab El Oued à Alger. «Y en a marre !» ; «Dignité au résident !» criaient-ils à pleine gorge devant tous les services de l'hôpital qu'ils ont parcouru de bout en bout.C'était à l'occasion du deuxième jour du mouvement de grève organisé à l'initiative du Comité autonome des médecins résidents algériens et faisant suite à des sit-in de protestation observés dans différentes wilayas du pays. Durant les deux jours, l'adhésion au mouvement ne faisait que grandir, dans un ordre et une sérénité absolus. Aucune agitation ou le moindre débordement n'a été signalé dans un quelconque établissement où a eu lieu le mouvement contestataire. Les manifestants donnent l'impression de savoir réagir à chaque instant, sans empressement, convaincus de la légitimité de leurs revendications, mais aussi rassurés par le soutien des professeurs. «Merci professeurs !» disaient les résidents de Bab El Oued chaque fois qu'ils arrivaient devant un service. «Ils soutiennent notre cause et approuvent notre action. C'est pour cela que nous les en remercions», affirmait une jeune résidente. L'ambiance au CHU de Bab El Oued est la même partout ailleurs, à des différences près : certains optent pour les marches à l'intérieur des établissements hospitalo-universitaires, d'autres se satisfont de rassemblements. Ce qui est sûr, c'est que les revendications sont partout les mêmes : abrogation du service civil, dispense du service militaire et révision du statut particulier avec ce que cela comporte comme augmentation de salaires et établissement de primes et d'indemnités. Les résidents en chirurgie dentaire insistent sur le fait qu'il ne doit pas y avoir d'examens intercalaires et réitèrent leur demande de doter leurs services de matériel et équipements adéquats. Les résidents en colère interpellent aussi les deux ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur sur leur appartenance à l'un ou l'autre. «Messieurs les ministres, a qui l'on appartient ?» demandaient-ils. A ce propos, le ministre Djamel Ould Abbès a déclaré récemment qu'il n'est interpellé, en tant que responsable du département de la Santé, que sur deux points : la prime de contagion et l'augmentation de la prime de garde. Une déclaration qui n'a pas manqué de susciter davantage l'ire des résidents. «C'est faux ! Le service civil relève strictement du ministère de la Santé. C'est à lui de régler définitivement le problème.» Quant au service militaire, «c'est clair, cela dépend du ministère de la Défense». C'est pourquoi, indique un résident, «nous avons demandé des réunions périodiques dans le cadre d'une commission mixte regroupant des délégués des résidents et des représentants des trois ministères (Santé, Enseignement supérieur et Défense). Nous ne savons pas si notre demande a été prise en considération».Pour le moment, le risque de recourir à une grève illimitée est écarté : «Nous ne pensons pas aller vers une grève illimitée. Il y aura des grèves entrecoupées et d'autres formes de protestation, mais pas de grève illimitée. Sauf si l'on nous pousse dans nos derniers retranchements.» Soulignons, au passage, une autre «injustice» commise à l'endroit de ce corps : «La femme résidente n'a pas le droit à un congé de maternité. Quand elle accouche, elle prend son congé annuel.»