Une trentaine de personnes, au moins, sont tombées hier à Sanaa sous les tirs à balles réelles des forces de sécurité yéménites, qui en ont blessé également plus d'une centaine d'autres, lors d'une manifestation de rue de l'opposition contre le régime du président Ali Abdallah Saleh, ont indiqué des sources hospitalières, reprises par les agences de presse. C'est le plus lourd bilan de morts depuis les manifestations au Yémen, début février dernier, portant ainsi le nombre total de civils tués à au moins soixante-dix, sans compter le nombre impressionnant de blessés estimé à plus de deux mille. L'opposition yéménite parle d'«un massacre» qui contribuera à la chute rapide de M. Saleh et de son régime. «Cette tuerie ne va pas contribuer à maintenir Ali Abdallah Saleh au pouvoir», a affirmé Mohamed Al Sabri, porte-parole de l'opposition, dans une déclaration à la chaîne Al Arabiya. Des partisans du régime et des «snipers» auraient participé à cette tuerie, selon des témoins présents hier à la place de l'Université où s'est tenu le «rassemblement de la dignité» auquel ont appelé les leaders de la contestation. Jeudi dernier, pas moins de quatre cents manifestants ont été blessés à Taez suite à une intervention policière sauvage pour disperser les opposants qui avaient tenté de tenir un sit-in de protestation contre les autorités de Sanaa. Des «baltaguia» mobilisés par le régime se sont attaqués notamment aux étudiantes, selon l'opposition qui semble déterminée à aller jusqu'au bout de son mouvement puisque, hier, de nouvelles manifestations ont eu lieu à travers plusieurs villes du Yémen, en plus de la capitale Sanaa. Des centaines d'étudiants yéménites ont, par ailleurs, manifesté hier matin devant l'ambassade du Yémen en Malaisie, en soutien à leurs camarades qui prennent activement part au mouvement de l'opposition dans leur pays. A noter que le Comité de sécurité de la contestation pro-démocratie, créé par l'opposition, a procédé à l'arrestation de plusieurs dizaines d'hommes armés et autres partisans du régime de Saleh qui ont participé aux tueries perpétrées contre les manifestants. Assuré du soutien implicite de l'Occident, le président du Yémen va-t-il toutefois continuer à tirer sur les civils ou bien cèdera-t-il à la pression de rue qui n'est pas près de s'estomper ? L. M.