Synthèse de Smaïl Boughazi Le premier responsable des Douanes, M. Mohamed Abdou Bouderbala, a révélé, dans un entretien accordé hier à l'APS, que près de 1 000 conteneurs et engins en souffrance au port d'Alger seront transférés dans les prochains jours vers le dépôt des douanes deSidi Moussa et le port sec de Rouïba. Il a informé, en outre, que ces conteneurs «abandonnés par leurs propriétaires sont en souffrance au port d'Alger depuis 4 ans dans certains cas, alors que la loi prévoit un délai maximal de quatre mois et 21 jours». Le directeur général des Douanes en commentant cette situation a souligné «le caractère inadmissible» de ces pratiques, assurant, toutefois, que la situation ne va pas perdurer : «Cela ne se passera plus comme ça. Dans les prochains jours, les premiers conteneurs et engins devront quitter le port.» Pour les engins en souffrance, il s'agit, selon lui, de matériels non dédouanés ou objet de contentieux qui seront également transférés vers le site de Sidi Moussa, récemment réceptionné par les Douanes et s'étendant sur une superficie de 23 hectares. Evoquant les raisons de cette situation, il a expliqué que certains importateurs stockaient «délibérément» leurs engins au port pour bénéficier de la sécurité et es réductions de tarif dans le cadre des facilitations accordées par l'Etat. Interrogé sur les mesures prises par ses services dans la lutte contre la contrefaçon, M. Bouderbala a affiché sa «ferme volonté» de venir à bout de ce fléau. Une volonté traduite par la création, annonce M. Bouderbala, en mars 2008, d'une sous-direction centrale chargée de la contrefaçon, à la faveur du nouvel organigramme de la Douane. Au même titre, il a cité l'acquisition de moyens sophistiqués de détection des produits contrefaits ainsi qu'un programme de formation des douaniers. Selon les chiffres qu'il a fournis, 2,3 millions d'articles contrefaits ont été retenus en 2007 -contre 800 000 en 2006- et seront détruits incessamment. Il s'agit de produits mettant directement en danger la sécurité des citoyens tels les chauffages à gaz, les chauffe-bain, les produits électriques, les cosmétiques, les pièces détachées automobiles, à l'instar des organes de freinage «extrêmement dangereux pour la sécurité des automobilistes et des citoyens». «Des pérateurs sans scrupules, pour ramasser de l'argent, n'hésitent pas à mettre sur le marché des produits sachant pertinemment qu'ils peuvent tuer les citoyens», souligne-t-il. «Les Douanes vont ester en justice, a-t-il assuré, des criminels en se constituant partie civile». A une question sur la formation des agents des Douanes dans ce domaine et la difficulté de reconnaître la pièce contrefaite, M. Bouderbala a évoqué les conventions signées avec les entreprises des produits authentiques. A ce jour, une quinzaine de grands groupes étrangers et nationaux ont signé des conventions dans ce sens tandis que 45 entreprises nationales se sont rapprochées des Douanes dans le but de demander la protection de leur marque, contre 39 en 2006. «L'opération prend de l'ampleur et c'est tant mieux pour les consommateurs», a-t-il dit. Pour le plan de modernisation des Douanes (2007-2010), un montant de 10 milliards DA et des «moyens colossaux» seront mis à la disposition des douaniers pour travailler dans de bonnes conditions. Il s'agit de doter les Douanes, à court terme, d'hélicoptères pour survoler les vastes zones de passage de contrebandiers, de nouveaux scanners de détection, de véhicules et de moyens de communication ultra-modernes car, a-t-il dit, «nous faisons face à des bandes organisées usant de moyens modernes de communication comme le GPS». Ces moyens matériels seront combinés à un important programme de formation prévu dans le plan de modernisation des Douanes adopté par le gouvernement. Dans ce volet, les six écoles de formation des Douanes seront spécialisées dans un souci d'efficacité, a-t-il expliqué, citant l'exemple de l'école d'Oran (jumelée à celle de Tourcoing France) qui sera réservée à la formation d'officiers des Douanes, et celle de Batna destinée aux sous-officiers. Les Douanes «mettent le paquet» mais seront tenues dorénavant à des résultats sur le terrain, a expliqué M. Bouderbala, évoquant à ce sujet la notion de «contrat de performance» qui sera introduite dans les rapports avec les 11 directions régionales et dont les critères d'évaluation seront établis sur la base du rendement fiscal, de la valeur et du volume des saisies, des réponses aux doléances et du règlement des contentieux.