Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Le médicament générique, une source réductrice de la facture d'importation, a certes connu, ces deux dernières années, une amélioration en matière de production nationale. Toutefois, l'objectif escompté, soit une baisse sensible de la facture d'importation, n'est pas encore atteint, malgré la conviction des acteurs impliqués directement dans la production et dans la prescription du générique qui est souvent évité par les patients sous prétexte de son effet peu efficient.Faire baisser la facture de l'importation et encourager la production nationale est un défi que s'est lancé le ministère de la Santé et de la réforme hospitalière ces dernières années. De fait, la tutelle mise sur un taux de couverture de 70% d'ici 2014. Pour l'heure, l'on se félicite du bond enregistré dans les produits fabriqués localement. L'Algérie est en effet passée de 28% en 2009 à 38% en 2010, selon le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès. En outre, afin de booster davantage le secteur, les pouvoirs publics semblent avoir pris conscience de l'importance de revoir à la hausse la marge bénéficiaire sur les produits génériques. Une démarche qui intervient après moult contestations, ces dernières années, du Syndicat national des pharmaciens d'officines (Snapo) qui a décrié la mouture de 2008 portant sa révision et son application «de 17% pour tous les médicaments, qu'il s'agisse d'un générique ou d'une molécule mère». Malgré l'essor qu'a connu le marché par la mise en place du générique, il reste du chemin à faire pour espérer un taux de couverture nationale dépassant la moyenne. D'aucuns estiment que ces médicaments sont de qualité et moins chers que ceux d'origine, en outre ils représentent une source d'économie pour les citoyens. Malgré ces garanties «scientifiques» et économiques, les réticences sont toujours là. La majorité des patients rencontrés dans les pharmacies réclament le produit d'origine, jugeant le générique inefficace en raison du doute qui plane sur son équivalence avec le princeps (molécule d'origine). «Pensez-vous que nos laboratoires chargés de la production possèdent la formule la plus proche de l'original pour mettre au point un quelconque médicament ?», s'interroge un malade, réticent au générique. Une situation qui amène, fréquemment, les pharmaciens à expliquer inlassablement la similitude entre les génériques et les princeps. Mais les convictions des malades sont tenaces quant à ces médicaments qu'ils qualifient «de second choix», même si leurs prix sont bas et quand bien même cette problématique a été soulevée et débattue pour rassurer quant à l'utilisation du générique et en faire un produit accepté. Toutefois, seule la sensibilisation est à même de lever les doutes que suscitent les produits génériques fabriqués localement. Par ailleurs, force est de constater que les acteurs de la santé à l'échelle locale se montrent presque indifférents vis-à-vis de ce sujet. Sinon comment expliquer l'absence totale de communication entre toutes les parties concernées, privilégiant le volet commercial et faisant fi de la sensibilisation. Les pharmaciens sont confrontés quotidiennement à une question récurrente : «Ce produit est-il de fabrication locale ou importé ?» C'est dire la méfiance des patients vis-à-vis des médicaments produits localement. Une attitude à corriger en multipliant les rencontres de sensibilisation avec le concours de tous les acteurs impliqués dans la fabrication et la vente du produit générique. Selon des spécialistes, les firmes locales basées à Constantine, devenues des pôles de production au vu de l'expérience acquise, devraient contribuer à l'élargissement du générique en Algérie. Il faut persuader les malades, les médecins et les pharmaciens à recourir au générique. Indéniablement, des campagnes et beaucoup de séminaires sont indispensables pour arriver au résultat escompté dans la commercialisation du générique. D'autant que l'Etat a alloué des milliards, sous forme de prêts, aux différents investisseurs dans le médicament pour supprimer une facture de trop en devises.