Photo : Riad Par Samira Imadalou Intégrer le commerce informel dans le circuit formel. Cette démarche, qui fait l'objet de débats depuis les années 90, semble être adoptée par le gouvernement qui cherche à mettre en place les moyens d'éradication de ce phénomène à travers sa régularisation. Comment ? Invité mardi dernier à se prononcer sur la question sur les ondes de la Chaîne I de la radio nationale, le ministre du commerce, Mustapha Benbada, a annoncé l'élaboration, en collaboration avec le ministère de l'Intérieur, d'un décret interministériel à cet effet, lequel a été adressé à la mi-mars aux walis pour baliser le terrain à l'organisation du commerce informel, dont les tentatives d'éradication ont, faut-il le rappeler, échoué. Certaines régions du pays ont même connu des troubles. Les animateurs de ce commerce ont, en effet, essayé de bloquer les opérations lancées par les services de sécurité en collaboration avec les agents du ministère du Commerce pour son éradication. Si, dans nos villes et villages, entre fin 2010 et début 2011, l'espace de quelques jours, les vendeurs à la sauvette ont disparu, le phénomène n'a pas tardé à reprendre sa place et à s'étendre davantage. La contestation sociale que connaît le pays depuis janvier 2011, faut-il le reconnaître, a facilité son retour, surtout avec les largesses et les concessions accordées par le gouvernement à cette catégorie. Aujourd'hui, on annonce une feuille de route pour encadrer ce commerce et le transformer en source d'emplois. Une feuille de route qui sera chapeautée, entre autres, par une commission de sécurité de la wilaya et un comité de suivi local constitué de représentants de plusieurs administrations, notamment les services de sécurité, les domaines, les Directions du commerce, de la santé, les chefs de daïra et des présidents d'APC. Cette vaste opération consiste, en premier lieu, à recenser l'ensemble des régions et espaces concernés par le commerce informel, l'objectif étant d'identifier le profil des personnes animant cette activité illicite qui fait perdre à l'Etat des milliards de dinars. D'ailleurs, rien qu'à Alger, les chiffres de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) indiquent que 50 000 commerçants sont directement menacés par cette activité informelle. Cette mission semble d'ores et déjà difficile à assurer, connaissant l'incrustation de l'informel à travers différentes filières. Car il ne s'agit pas uniquement de mettre un nom sur un simple vendeur, mais aussi d'identifier les autres acteurs qui alimentent le circuit de l'informel. La seconde étape de ce plan d'insertion des commerçants informels se traduira par l'ouverture des espaces appropriés et par l'inscription au registre du commerce. Là aussi, on s'attend à rencontrer des difficultés sur le terrain. Il y a d'abord la problématique du foncier. Pour réaliser des locaux à vocation commerciale, il y a lieu de libérer des assiettes foncières. Or, la majorité des APC connaissent un manque criant en terrains. Un blocage que les communes ont déjà rencontré lors du projet des 100 locaux par commune, lequel continue à susciter moult interrogations. Pour l'inscription au registre du commerce, une rude bataille est à mener en commençant par des opérations de vulgarisation et de sensibilisation. Des facilités sont, certes, prévues pour concrétiser ce projet, mais les couacs s'annoncent nombreux. On ne peut pas omettre la réaction des commerçants formels qui se sont toujours plaints de la concurrence déloyale de l'informel, lequel pourrait de nouveau réinvestir la rue en réoccupant les espaces libérés. Comme il l'a déjà fait auparavant.