De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar S'inscrivant dans une dynamique de développement sans précédent, l'Algérie a lancé ces toutes dernières années d'importants plans d'équipement. Des moyens colossaux ont été mobilisés à cet effet dans le cadre des programmes nationaux de soutien à la croissance économique pour répondre aux attentes, parfois pressantes, des citoyens en la matière. Les infrastructures de base, les travaux publics, l'habitat et l'urbanisme sont autant de secteurs qui connaissent, en effet, une effervescence particulière. Les bureaux d'études d'architecture et d'urbanisme sont de ce fait fortement sollicités pour effectuer des études ou assurer le suivi et la gestion des projets. Aujourd'hui, on s'accorde à dire qu'il y a lieu d'améliorer la qualité du bâti afin d'offrir un cadre de vie agréable aux citoyens et un aspect esthétique à nos villes et à nos villages. C'est dans cet objectif que lordre des architectes a organisé, le week-end dernier, deux journées de débat sur la profession d'architecte et la qualité de la production architecturale. «L'inquiétude du devenir de nos espaces urbains persiste tant l'état des lieux n'est toujours pas réjouissant et révèle même de nombreuses ambiguïtés et incohérences», constate K. Ladjouz, vice-président du conseil national de l'Ordre des architectes, lors de son allocution à l'ouverture des travaux. M. Ladjouz souligne, cependant, que la qualité de la production architecturale ne dépend pas uniquement de l'architecte, mais concerne aussi le maître d'ouvrage, les pouvoirs publics et l'environnement ambiant dans son intégralité. «Nous n'avons pas à fuir nos responsabilités. Nous assumons ce qui a été mal fait, car nous aussi n'étions pas à la hauteur quelque part», ajoute-t-il en notant au passage que ses confrères ne disposaient pas de moyens légaux pour interpeller directement les pouvoirs publics sur ce genre de questions. De son côté, D. Djemaï, en sa qualité de président de l'ordre des architectes de la wilaya de Béjaïa, a appelé à la stricte application des textes qui consacrent l'architecture comme étant un domaine d'intérêt public. «Il faut replacer l'architecte dans son rôle social afin de l'amener à un meilleur investissement en lui assurant de meilleures conditions dans l'accomplissement de ses missions», dira-t-il en plaidant pour un meilleur partenariat et une consultation permanente entre les architectes et les autorités locales. Deux ateliers ont été mis en place pour cerner cette thématique. Le premier, encadré par A. Belahcene (SG du CNOA) et F. Hireche (membre du conseil des sages de l'ordre), a été consacré à l'examen des repères juridiques et réglementaires qui cadrent avec l'exercice de la profession d'architecte. Les législations portant sur la production architecturale, les droits d'auteur, la déontologie, les concours et le code des marchés publics ont été débattues pour, au final, réclamer plus de prérogatives pour le maître d'œuvre afin de le responsabiliser plus et de le soustraire aux contraintes multiples qu'il rencontre en sa qualité de prestataire de services. Le second atelier a été, quant à lui, dédié à l'exercice de la maîtrise d'œuvre et à la qualité de la production architecturale. Animé par K. Ladjouz, D. Djemaï et A. Boudaoud (président du CNEA), ce second forum a examiné les préalables conditionnant la maîtrise d'œuvre (pratique de la maîtrise, cahiers des charges…), les missions et la rémunération de l'exercice de la maîtrise d'œuvre et les facteurs intervenant dans la qualité architecturale (normes, standardisation des matériaux, ingénierie). Une série de recommandations ont été élaborées à l'attention des pouvoirs publics pour, note-t-on, «amorcer ce nécessaire recentrage des missions de l'architecte et de son rôle dans la production de l'espace bâti et non bâti afin d'améliorer l'aspect architectural de nos villes et villages». Notons, enfin, que l'ordre national des architectes compte quelque 4 000 adhérents dont près de la moitié serait au chômage. Un chiffre jugé insuffisant par rapport à l'ampleur des marchés lancés partout à travers le pays.