De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar Au cours d'une récente visite de prospection à travers la wilaya de Béjaïa, l'ambassadeur de la République italienne en Algérie a souligné «les grandes potentialités d'investissement que recèle la région, à travers le processus de privatisation en cours, le vaste programme des travaux publics, en voie de lancement, et la promotion d'une classe de petites et moyennes entreprises», insistant particulièrement sur l'intérêt des opérateurs de son pays pour le secteur de l'agroalimentaire et les produits du terroir. Son excellence Giampaolo Cantini, qui s'exprimait devant un parterre d'entrepreneurs locaux, a également cité d'autres créneaux mutuellement rentables comme le tourisme, les services, la formation et l'import-export car, estime-t-il, «la PME a besoin d'un partenariat qui reste possible dans une vision régionale». Un panel d'hommes d'affaires lombards et des responsables de l'Institut italien pour le commerce extérieur se sont promis, à la même occasion, d'œuvrer pour créer des partenariats et des échanges entre les petites et moyennes entreprises des deux rives. Si les Italiens arrivent au moment même où de grands projets d'équipement sont sur le point d'être lancés, les Australiens sont déjà présents dans l'exploitation minière. La Western Mediterranean Zinc Spa, une association entre Terramine et l'ENOF, est à pied d'œuvre dans l'exploitation d'un important gisement de zinc dans la commune d'Amizour. La mine, qui emploie aujourd'hui près de 200 personnes, entrera en production cette année et permettra la création de centaines d'emplois supplémentaires. «C'est un investissement qui va régler le problème du chômage qui sévit dans les environs, et qui va renflouer les caisses de la commune», prévoit le maire de cette municipalité périphérique du chef-lieu de wilaya. En effet, les études confiées à un bureau d'études canadien ont confirmé l'existence de près de 50 millions de tonnes de ce précieux métal dans le sous-sol du lieu-dit L'Merj Ouamane. Un autre gisement de plomb a été découvert dans la même foulée dans la commune voisine de Barbacha. Cela au moment où les partenariats, déjà opérationnels depuis des années, ne cessent de s'étendre et de prendre de l'ampleur. Il va sans dire que les succès rencontrés dans le domaine de l'agroalimentaire ont été un facteur attractif à nombre de promoteurs qui ont découvert, ensuite, un tas d'autres avantages comme les infrastructures de base, l'existence d'une main- d'œuvre qualifiée et d'un climat de concurrence inspirant une amélioration constante de la qualité dans un marché national toujours dynamique. Les entreprises mixtes à l'instar de Candia-Algérie, Danone-Djurdjura, ainsi que les groupes locaux comme Cevital, Ifri, Toudja, La Vallée ou Soummam, connaissent une ascension positive et s'étendent à d'autres secteurs comme l'agriculture. Des investissements dans l'agroalimentaire On doit citer à ce propos les investissements engagés par de nombreuses laiteries dans la production de lait cru et les plantations oléicoles d'Ifri-Olive, qui accroît graduellement ses exportations d'huiles vierges de la région vers l'Europe, l'Amérique du Nord et le Moyen-Orient. A ce propos, la wilaya, qui couvre un tiers des besoins nationaux en matière d'huile d'olive, s'apprête à clôturer une campagne 2008/2009 qui passe pour l'une des plus généreuses de ces dix dernières années. Avec un rendement moyen de 17 litres/quintal, la chambre d'agriculture, qui estime la récolte à plus de 850 000 quintaux, table effectivement sur une production qui frôlerait les 20 millions de litres. Un accroissement qui sera encore plus visible dans les années à venir, car de nombreuses exploitations ont été rajeunies dans le cadre du PNDRA, le plan national de développement et de régulation agricoles. «Nous nous employons à mettre en place un système efficace de régulation des produits agricoles de large consommation. Les agriculteurs seront liés à nos services par des contrats de performance et bénéficieront en retour d'une réduction des charges fiscales sur les semences et les intrants, un accompagnement technique personnalisé et d'une protection de leurs intérêts», a déclaré récemment le directeur des services agricoles sur les ondes de la radio locale. L'Etat envisage aussi d'investir lourdement, cette année, dans les infrastructures de base. Plusieurs projets seront entamés incessamment, parmi lesquels on retiendra la réalisation de la pénétrante de l'autoroute Est-Ouest sur 104 kilomètres. Cette voie express, qui relie Béjaïa et El Adjiba, comprend une voie rapide en 2x2 voies de 3,5 m chacune, nantie d'une bande d'arrêt d'urgence et d'un terre-plein d'un diamètre de 11 m, élargi à dessein pour accueillir ultérieurement un éventuel projet d'extension. Les travaux, prévus sur une emprise de 1 000 hectares, comportent également la réalisation de plusieurs ouvrages d'art et de 5 échangeurs, envisagés successivement à Béjaïa, El Kseur, Sidi Aïch, Akbou, et Tazmalt, ainsi qu'un tunnel et un viaduc à Sidi Aïch. La réception de cet ouvrage structurant est attendue pour l'année 2010. D'importants investissements publics sont aussi projetés dans d'autres secteurs comme la construction d'un CHU, l'extension des infrastructures universitaires, l'habitat, la réalisation d'une gare routière moderne au lieu-dit les Quatre chemins, la modernisation du port et de l'aéroport ainsi que l'amélioration des réseaux routiers et ferroviaires. Des efforts sont, par ailleurs, attendus en matière de couverture de la wilaya en gaz de ville et en services comme la téléphonie ou l'accès à Internet. Le secteur privé n'est pas en reste, puisque d'importants investissements sont, là encore, annoncés dans le secteur du tourisme. La décision du groupe Cevital d'ériger un village touristique moderne de 26 hectares dans la commune côtière de Souk El Thenine constitue incontestablement la plus belle annonce qu'on ait faite à ce propos. En somme, les perspectives économiques de la wilaya de Béjaïa s'annoncent prometteuses pour cette année 2009. Les pouvoirs publics, les élus, les investisseurs et la société civile multiplient les conciliabules, depuis des mois déjà, afin de coordonner leurs efforts au profit exclusif du développement local. Le challenge est, enfin, à portée de main.