Le Parlement syrien a demandé au président Bachar Al Assad de venir expliquer les mesures de démocratisation promises et a observé une minute de silence à la mémoire des victimes tombées lors des manifestations de ces derniers jours. «Lors d'une séance dimanche soir, les députés ont demandé des éclaircissements concernant les mesures annoncées par les autorités et ont souhaité que le Président vienne au Parlement pour les expliquer», a indiqué le député Mohammad Habache. Cette demande a été faite quelques heures après l'annonce du président syrien Bachar Al Assad, par la voix de sa conseillère, de l'abrogation de la loi d'urgence et d'un discours «très bientôt» à son peuple pour expliquer la situation et clarifier les réformes qu'il entend mener dans le pays. M. Habache a évoqué l'existence d'un «complot confessionnel visant à diviser le peuple syrien et susciter des dissensions». Au Parlement, «les députés rejettent ce complot confessionnel contre la Syrie», dit-il. La thèse d'un complot confessionnel a été évoquée par la conseillère du président Bachar Al Assad qui a accusé les fondamentalistes d'être à l'origine des récentes violences visant, selon elle, à briser la coexistence religieuse en Syrie. Elle a précisé que parmi les personnes arrêtées figuraient des étrangers, mais aussi des Syriens. Le président de la Ligue syrienne de défense des droits de l'Homme a également appuyé ces informations en déclarant que «la plupart des hommes armés ont été arrêtés par la population qui les a remis aux forces de sécurité. Ce sont des ressortissants arabes de différentes nationalités qui possédaient des armes et de grosses sommes d'argent». La Syrie est en proie, depuis deux semaines, à une contestation sans précédent contre le régime. Elle a vécu un week-end de violence et de terreur à Lattaquié. Dans cette ville portuaire où des renforts de l'armée sont arrivés, dans la nuit de samedi à dimanche, pour tenter de rétablir l'ordre, douze personnes ont été tuées dans des accrochages, dont dix membres des forces de sécurité. Hier, la ville était calme, mais les magasins et les écoles étaient fermés et les fonctionnaires ne se sont pas rendus à leur travail. Les trois derniers jours, treize militaires et civils ont été tués, ainsi que deux insurgés, et il y a eu plus de 185 blessés, selon un bilan officiel et hospitalier. Selon les organisations des droits de l'Homme, environ 130 personnes ont été tuées, notamment à Deraa, dans le sud du pays et épicentre de la révolte contre le régime de Bachar Al Assad. H. Y.