Photo : Riad Par Salah Benreguia Le Mouvement des jeunes indépendants pour le changement (MJIC) a organisé, hier, une conférence-débat sur la situation que vit notre université. La rencontre, qui s'est déroulée à la librairie Socrate News, a été animée par le syndicaliste et enseignant universitaire Farid Cherbal. Ce dernier, en rappelant les différentes étapes du développement de notre université depuis l'indépendance, a indiqué que la crise profonde qui la marque actuellement est une résultante de plusieurs facteurs qui remontent à l'époque après Boumediene. En effet, indique-t-il, «l'université publique», qui a accompagné le développement économique du pays depuis 62 jusqu'au début des années 80, ne joue plus son rôle au sein de la société. Pour la même source, le système universitaire algérien est devenu «crisogène». Pourquoi ? Les pouvoirs publics, actuellement, n'ont plus la même approche des années 70, une période durant laquelle l'université algérienne a enfanté des étudiants de haut niveau, des diplômes «nationaux» reconnus avec un enseignement de qualité. Pis, à présent, les pouvoirs publics ne font que «gérer le flux des étudiants» qui entrent chaque année dans «ces édifices de savoir». «L'absence totale d'une politique d'enseignement et de recherche, révolue depuis le début des années 80, a fait plonger l'université algérienne dans un cycle de crise sans fin», assène-t-il. M. Cherbal, ancien syndicaliste du Conseil national de l'enseignement supérieur (Cnes), de 1996 à 2006, a ajouté que la gestion opaque et anti-démocratique de l'université a aggravé, depuis quelques années, la situation. Résultat : niveau de vie des étudiants en baisse constante, fuite sans fin des enseignants chercheurs à l'étranger, baisse continue du niveau de l'enseignement… Le conférencier fera savoir que le budget de formation de l'étudiant a aussi subi une coupe monstre. «De 1981 à 1989, le budget dédié à la formation est de l'ordre de 700 dollars ; en 1999, il avoisine 200 dollars, alors qu'en 2005, il est descendu à 5 000… dinars», explique-t-il. Et de se demander comment espérer avoir une université performante, alors que toutes les instances qui la dirigent n'ont jamais été élues. «On ne pourrait jamais avoir une université performante dont la gestion est démocratique tant que les recteurs, doyens, etc. ne sont pas élus par toute la communauté universitaire», relèvera-t-il. Evoquant le vent de colère des étudiants, M. Cherbal a indiqué que c'est la première fois, depuis l'histoire de l'université algérienne, que tous les étudiants sont montés au créneau pour crier leur désarroi et s'interroger sur leur avenir et le devenir de leurs diplômes. Au sujet du système LMD, la même source a indiqué qu'il s'agit d'un «ovni universitaire» et que l'Algérie ne s'est pas du tout préparée pour son application, tout en reconnaissant la «légitimité» de toutes les revendications des étudiants à ce sujet. En guise de proposition de sortie de crise, le conférencier a suggéré l'augmentation du budget de formation destiné aux étudiants, la consécration de la gestion démocratique de l'université, qui passe notamment par l'élection de toutes les instances dirigeantes.