photo : S. Zoheïr Par Amar Rafa Tout en annonçant une série de propositions visant au retour à la situation normale au sein du parti, les «redresseurs» du FLN n'ont pas exclu un recours à la justice contre la direction actuelle qu'ils accusent d'avoir enfreint les statuts et le règlement intérieur. Ils accusent les dirigeants du FLN de favoriser la mainmise des affairistes sur le parti, de pratiquer l'exclusion et la marginalisation des cadres et militants. Salah Goudjil a même fait cas du peu de légitimité des structures de base. Les «frondeurs» estiment que les ingrédients du scénario de 2004, lorsque le 8ème congrès avait été invalidé par une action en justice intentée par les redresseurs, sont dix fois plus présents actuellement. Aussi les détracteurs de la direction du FLN affirment-ils être en phase de préparation des preuves à présenter devant la justice au sujet de «malversations» des deniers provenant des dons des bienfaiteurs, qui dépasseraient ceux autorisés par la loi sur les partis. Lors d'une conférence de presse - la première - organisée hier à Draria, les animateurs du mouvement de contestation du FLN, emmenés par Salah Goudjil en tant que coordinateur du mouvement de redressement du vieux parti, accompagné d'un groupe de cadres du FLN, notamment Abdelkrim Abada et Mohamed-Seghir Kara, se sont défendus d'être mus par des considérations matérielles ou par la recherche de postes de responsabilité. Exhibant une correspondance datée du 31 janvier 2010, soit 2 mois avant le 9ème congrès, qui avait été adressée à Abdelaziz Ziari, en sa qualité de président de la sous-commission des institutions, M. Goudjil a déclaré : «Nous ne courrons pas derrière les postes de responsabilité. Le plus important pour nous est que le parti retrouve sa stabilité et sa légitimité perdues.»Pour en revenir à cette correspondance, il rappellera que parmi les observations et propositions émises au sujet de la préparation du 9ème congrès figurait la nécessité d'un assainissement de la situation de la base militante afin d'assurer la légitimité du congrès et, par conséquent, la légitimité des textes et de la direction qui en émaneront. M. Goudjil avait, dans sa correspondance dont nous détenons une copie, proposé le report du congrès et la réparation des insuffisances organiques dans les mouhafadhas.L'ancien membre de l'instance exécutive du FLN a indiqué qu'après avoir installé une commission de préparation du congrès, il y avait encore 12 kasmas sans aucune légitimité pour n'avoir pas été renouvelées. «Si on va au congrès avec ces militants, le programme qu'ils adopteront et la direction qu'ils éliront seront sans légitimité», a-t-il expliqué. Il en est ainsi des instances du parti installées après le congrès, notamment «des commissions dont les prérogatives étaient en contradiction avec celles des membres du bureau politique, dont les responsabilités ont été diluées au profit du secrétaire général», a encore affirmé M. Goudjil. Selon lui, «la tradition était de ne pas avoir de zaïm au FLN».Il relèvera, en outre, qu'une année après le congrès, le renouvellement des structures de base n'est pas encore parachevé et que toutes celles qui ont été renouvelées l'ont été en dehors du cadre réglementaire. En somme, fera-t-il remarquer, «dans toutes les kasmas, il y a des recours, des bagarres. On a créé une fitna au sein des militants». Les redresseurs, en tout état de cause, disent avoir atteint «une phase de responsabilité». Ils ont lancé une série de propositions. A commencer par l'assainissement des membres du comité central de tous «ceux qui ne remplissent pas les conditions», le renouvellement de toutes les kasmas afin d'«élire leurs membres d'une manière démocratique» (une opération qui prend 3 mois au maximum, assure-t-on), et la tenue d'une «conférence nationale devant dégager des orientations sur l'avenir du pays». Interrogé sur le nombre de parlementaires ayant rejoint le mouvement, Salah Goudjil a indiqué que 18 députés ont déjà signé la pétition qui circule actuellement. Il a ajouté que «le mouvement s'élargira bientôt au groupe parlementaire». Il trouve normal que le président de la République soit saisi au sujet de la situation du parti et qu'il existe un projet en ce sens. Ce mouvement, assure-t-il, qui n'est pas «un parti opposant et n'agit pas au profit d'un autre parti, est un courant au sein du FLN qui reste lié par les règlements et statuts du parti».