La Jordanie est le théâtre, depuis plus de deux mois, de manifestations inspirées par celles qui ont secoué l'Egypte et la Tunisie. Hier encore, une nouvelle manifestation contre le gouvernement a été organisée. Quelque 600 jeunes du «24 Mars» se sont rassemblés à Amman pour appeler à des réformes, alors que d'autres manifestaient en faveur du régime politique. «A bas l'oppression», «nous voulons des réformes constitutionnelles», «nous sommes pour l'unité nationale», «nous voulons le jugement des corrompus», scandaient les manifestants. Quelques mètres plus loin, une cinquantaine de partisans du pouvoir scandaient leur «loyauté au roi» et leur «attachement au royaume». Dans un communiqué, le plus important de l'opposition, le Front de l'action islamique (FAI), a affirmé qu'«il appartient maintenant au régime d'activer les réformes. Nous sommes pacifiques, mais on ne peut pas faire confiance à un gouvernement qui tue les citoyens». «Nous voulons un gouvernement national», a déclaré Zaki Bani Rsheid, chef du bureau politique du FAI. Un rassemblement des «jeunes du 24 Mars» avait été attaqué les 24 et 25 mars par des partisans du pouvoir. Cette attaque et l'intervention des forces de sécurité avaient fait un mort et 160 blessés. Le roi Abdallah II a condamné les violences et s'est engagé à aller de l'avant dans les réformes en recevant des syndicalistes et la Commission de dialogue national. Cette commission chargée d'amender la loi électorale et celle des partis politiques avait été paralysée par la démission de 15 de ses membres pour protester contre les violences. Mais, mercredi dernier, 12 d'entre eux avaient réintégré la Commission et les trois autres devraient le faire bientôt.