Cinq jours après le début de leur vaste offensive, les Forces républicaines (FR) pro-Ouattara ont presque atteint leur objectif. Les soldats des FR ont, en fait, réussi hier à s'emparer d'une grande partie de la capitale économique ivoirienne Abidjan suite à de violents combats qui les ont opposés toute la nuit de jeudi aux Forces de défense et de sécurité (FDS) du président sortant Laurent Gbagbo, ont rapporté plusieurs sources locales. Ces mêmes sources affirment que les combats ont surtout fait rage autour de la résidence et du palais présidentiel de Gbagbo où ses fidèles soldats opposent une farouche résistance devant l'avancée des troupes des FR qui disposent de gros moyens de guerre. Cela dit, plusieurs défections ont toutefois été enregistrées dans les rangs des forces armées qui ont choisi de se ranger du côté du président sortant. Des informations font état de la défection du général Philippe Mangou, chef d'état-major de l'armée ivoirienne qui se serait réfugié, lui et sa famille, à l'ambassade d'Afrique du Sud. D'autres hauts gradés, les généraux Kassarété, chef de la Gendarmerie nationale, et Dogbo Blé, patron de la Garde républicaine, ont, eux aussi, déposé les armes et se seraient rendus dans l'hôtel du Golf où se trouve le quartier général d'Alassane Ouattara. Quant au chef du commandement des opérations de sécurité, il aurait été tué dans les derniers combats qui ont fait, depuis quatre mois, plus de six cents morts, selon l'Onu. Hier matin, les soldats des FR ont opéré un assaut contre la télévision d'Etat, auparavant contrôlée par Laurent Gbagbo. Au milieu de cette confusion, au moins cinq cents étrangers se sont réfugiés dans le camp de la mission française la Licorne à Port-Bouët, à Abidjan. Une fonctionnaire de l'Onu, d'origine suédoise, a été tuée jeudi, probablement par une balle perdue, a affirmé le ministre suédois des Affaires étrangères hier. D'ores et déjà, l'Organisation des Nations unies, dont la mission de maintien de la paix en Côte d'Ivoire a subi plusieurs attaques, y compris hier de la part des soldats de Gbagbo, affirme craindre de «graves violations des droits de l'Homme» auxquelles se seraient adonnées les forces pro-Ouattara. «Nous disposons d'informations non confirmées faisant état de graves violations des droits de l'Homme commises par les Forces républicaines de Côte d'Ivoire, les forces pro-Ouattara», a déclaré hier le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Rupert Colville, repris par les agences de presse. Ces actes auraient été commis notamment dans l'ouest du pays, a-t-il encore précisé. Mais compte tenu du climat de confusion qui règne dans le pays, il est quasiment impossible de vérifier la véracité de ces informations tout comme il est actuellement impossible de compter le nombre de morts. L. M. Les membres de la communauté algérienne en Côte d'Ivoire sont «sains et saufs» Tous les membres de la communauté algérienne vivant en Côte d'Ivoire sont «sains et saufs», a appris l'APS hier auprès d'une source diplomatique, à Abidjan, où des combats sont signalés entre les troupes du président sortant Laurent Gbagbo et celles de M. Alassane Ouattara, reconnu président élu par la communauté internationale. «Si certains parmi plus de cent ressortissants algériens en Côte d'Ivoire ont déjà quitté le pays, ceux qui restent encore sur place sont sains et saufs», a rassuré la même source contactée depuis Dakar, ajoutant que «tout le monde préfère en ce moment rester chez soi de crainte de s'exposer au danger». «Plus de 120 Algériens vivent régulièrement en Côte d'Ivoire et sont notamment installés à Abidjan, a-t-on indiqué. Cette situation d'instabilité était prévisible depuis l'éclatement de la crise post-électorale et certains Algériens qui se trouvaient en Côte d'Ivoire ont pu, par précaution, quitter le pays avant la fermeture, hier jeudi, de l'aéroport d'Abidjan», a également déclaré cette source. Toutefois, même si «un climat de peur» règne dans la capitale ivoirienne, beaucoup parmi les étrangers et les habitants se sont habitués à cette situation et attendent une reprise du cours normal de la vie», a-t-on conclu. APS