Livrée à la violence et aux pillages, Abidjan était le théâtre hier de violents combats entre les forces de Laurent Gbagbo et celles d'Alassane Ouattara, qui ont repris la quasi-totalité du territoire ivoirien, dont la capitale Yamoussoukro, en quelques jours seulement. Quatre mois après le début de la crise, qui a éclaté au lendemain de l'élection présidentielle du 28 novembre dernier suite au refus de Laurent Gbagbo de reconnaître les résultats du scrutin, la situation a évolué sensiblement ces jours-ci avec le retour en force des troupes armées du président élu, Alassane Ouattara, sur le point de prendre le contrôle d'Abidjan, la principale ville de Côte-d'Ivoire. Progressant vite, car ne rencontrant guère de résistance sauf dans l'Ouest, région dont est originaire M. Gbagbo, prenant notamment la capitale politique Yamoussoukro (Centre) et le plus important port d'exportation de cacao au monde, San Pedro (Sud-Ouest), les forces de Ouattara sont arrivées rapidement dans Abidjan, où la bataille faisait rage hier, avec les troupes d'élite du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, qui s'accroche désespérément au pouvoir. Dans le quartier administratif du Plateau (centre), près du palais, les rafales de fusils d'assaut kalachnikovs et les tirs d'armes lourdes se succédaient à un rythme soutenu, dont certains d'une très forte intensité faisaient trembler les murs des immeubles. Selon les comptes rendus de la presse, les rues étaient désertes, et les habitants restaient terrés chez eux. On signale une même intensité des combats dans le quartier chic de Cocody dans le nord de la ville, dans un large périmètre proche de la résidence présidentielle et de la télévision d'Etat RTI. Une Suédoise employée de l'ONU a été tuée jeudi soir à Abidjan, probablement par une balle perdue, selon le ministère suédois des Affaires étrangères. Les combats très intenses entre les militaires fidèles au président sortant et les Forces républicaines d'Alassane Ouattara, reconnu président par la communauté internationale, ont débuté jeudi soir à Abidjan, la métropole ivoirienne constituant l'ultime objectif des forces pro-Ouattara. Lundi, les Forces républicaines, qui contrôlaient le nord du pays depuis 2002, ont lancé une vaste offensive vers le Sud, pour mettre un terme à la crise née du scrutin présidentiel contesté du 28 novembre ayant fait, selon l'ONU, près de 500 morts, essentiellement des civils. Au cinquième jour de l'offensive, Laurent Gbagbo, au pouvoir depuis 2000, ne s'est pas exprimé publiquement depuis des semaines. Son discours à la nation, maintes fois annoncé, n'est jamais arrivé. Les forces pro-Ouattara ont dit avoir pris au début des combats la télévision d'Etat, symbole du régime, le privant ainsi d'un moyen de communication essentiel. L'Union africaine l'a appelé à “céder immédiatement le pouvoir”, de même que la communauté internationale et le camp Ouattara. Mais, si la fin de son régime n'a jamais paru aussi proche, un porte-parole, Toussaint Alain, restait catégorique hier : “Le président Laurent Gbagbo n'a pas l'intention d'abdiquer ou de se rendre à un quelconque rebelle que ce soit.” Va-t-il se réfugier dans une ambassade étrangère, comme l'a affirmé la rumeur ? Son chef d'état-major, le général Philippe Mangou, a fait défection mercredi soir et a trouvé refuge à l'ambassade sud-africaine à Abidjan. Et Pretoria a déjà démenti les rumeurs sur un exil sud-africain de M. Gbagbo. “Il est sur le territoire ivoirien. Je ne peux pas vous dire exactement où il se trouve”, a indiqué son porte-parole, sans préciser s'il était toujours à Abidjan. Selon plusieurs sources diplomatiques, il aurait quitté sa résidence jeudi après-midi pour une destination inconnue. Selon l'ambassadeur de France en Côte-d'Ivoire, Jean-Marc Simon, le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo se trouvait hier probablement au palais présidentiel d'Abidjan. Merzak T./Agences