Plus que prévisible, l'attitude du gouvernement de Damas au sujet de l'accord inter-libanais de Doha. Pour la simple raison que la reprise des pourparlers entre la Syrie et l'Etat hébreu a été annoncée depuis des mois par le médiateur turc. N'ayant plus de doutes, Bachar El Assad n'allait pas tout de même s'offrir le «luxe» de couper l'herbe sous le pied aux antagonistes libanais. D'autant plus que le chef de l'Etat syrien a eu des entretiens approfondis avec l'émir du Qatar qui, lui, n'a envoyé de cartons d'invitation aux participants à la conférence de Doha qu'après s'être assuré de la pleine collaboration de Damas. Ce n'est qu'une fois l'accord de la Syrie en poche que cheikh Hamad s'est engagé pleinement à réconcilier les Libanais avec eux-mêmes. Voilà une «manœuvre» que bon nombre de «spécialistes» du Proche-Orient ont mis un temps fou à comprendre. A présent que l'accord a été conclu, que le pays du Cèdre a enfin un Président et que les négociations syro-israéliennes reprendront officiellement d'ici une dizaine de jours, y aurait-il des forces qui n'aimeraient pas que les contacts entre Damas et Tel-Aviv aboutissent ? Tôt ou tard, elles feront savoir leur mécontentement ou leur adhésion réservée selon le degré d'engagement qu'auront à fixer les Syriens en vue de la récupération du Golan. Imaginons que le régime du jeune El Assad paraphe un accord de paix avec l'Etat hébreu sans avoir à se soucier d'un règlement global du conflit israélo-arabe, notamment en ce qui concerne le volet palestinien. Une seconde Nakba que le chef politique du Hamas verrait venir à pas de loup. S'exprimant à partir de Téhéran, le lieu ne serait pas choisi par hasard, Khaled Mechaal a estimé peu probable que les négociations directes entre les deux parties ouvrent sur une restitution du plateau du Golan. Et ce, pour deux motifs essentiels qu'il tentera de mettre en avant. En plus de l'imposture des Israéliens qui n'est plus à démontrer, Ehud Olmert serait trop affaibli par ses démêlés judiciaires pour pouvoir négocier quoi que ce soit. Il n'y a qu'à compter les appels à sa démission pour se rendre compte que le Premier ministre israélien ne ferait pas long feu. Ejecté avant la fin de son mandat, le chef des centristes va-t-il tenter le diable du côté de Damas, W. Bush en personne ne croyant plus en un accord de paix entre Palestiniens et Israéliens avant son départ à la retraite ? Bien qu'à la merci d'une motion de censure de la Knesset, l'héritier d'Ariel Sharon s'est déclaré prêt à reprendre le dialogue qu'abandonnait le médiateur Clinton en 2000. Mais, il ne pourra y avoir d'accord de paix que si les autorités de Damas viennent à faire preuve de courage avant de rompre leurs liens avec le Hamas palestinien et la République islamique d'Iran. Une condition que la Syrie s'est empressée de mettre sous le paillasson à défaut d'être accusée de haute trahison par ses propres alliés. Dont la direction politique du Hamas palestinien qui est en train de constater que l'accord de trêve avec Israël est sur le point d'échouer. Partant de cette brouille de départ, quelles chances pour les pourparlers syro-israéliens ? A l'image de ceux entrepris entre Palestiniens et Israéliens, ils traîneront en longueur jusqu'au départ de W. Bush qui semble résigné à laisser à son successeur le soin de rectifier ses tirs tordus dans tout le Moyen-Orient. A Barack Obama qui veut dialoguer directement avec l'Iran et la Syrie, le seul moyen de stabiliser la région ? Ou au candidat John McCain pour lequel l'actuel président US va commencer à récolter des fonds ? Ce n'est pas la première fois que la paix sera au bas d'une affiche électorale. A. D.