L'après-Gbagbo n'est plus une hypothèse, mais une réalité à laquelle les partisans du Président sortant de la Côte d'Ivoire doivent se soumettre après l'intervention directe de l'ONU et de la mission militaire française la Licorne, aux côtés des rebelles pro-Ouattara, reconnu comme le nouveau chef d'Etat ivoirien par la communauté internationale. Les soldats des forces de maintien de la paix de l'ONU (Onuci) et les hélicoptères de la mission militaire française en Côte d'Ivoire ont attaqué plusieurs positions des Forces de défense et de sécurité (FDS) loyales à Laurent Gbagbo, dans le but de «détruire les armes lourdes» et d'éviter ainsi que des civils soient tués, a tenu à rassurer l'Elysée. Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a déclaré que son pays n'a aucune intention de «s'incruster» militairement en Côte d'Ivoire après la fatale chute de Gbagbo. Présent à Genève pour assister à une conférence internationale sur l'Afrique, le président en exercice de l'Union africaine (UA), le chef de l'Etat équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, a dénoncé hier les interventions étrangères en Côte d'Ivoire. Ce qui n'est pas le cas du président des Etats-Unis Barack Obama et de son homologue nigérian, Goodluck Jonathan, qui ont affiché leur soutien aux actions entreprises par l'ONU et la France afin de mettre fin à cette guerre civile. «Je soutiens fermement le rôle que la force de maintien de la paix de l'ONU joue, en faisant respecter son mandat de protéger les civils, et je salue les actions des forces françaises qui soutiennent cette mission», a affirmé M. Obama, en disant «rester profondément inquiet de la situation sur le plan de la sécurité en Côte d'Ivoire». Sur le terrain des opérations, les soldats du FNCI (pro-Ouattara) se sont engagés depuis hier matin dans l'ultime bataille contre les forces du FDS qui protégeaient le palais présidentiel, où s'était réfugié depuis une semaine le Président sortant. Retranché dans un bunker avec quelques-uns de ses fidèles, M. Gbagbo était réduit à négocier sa reddition après avoir refusé de quitter le pouvoir à l'issue de la présidentielle du 28 novembre 2010. Jusqu'à la fin de l'après-midi, il avait tenté de «négocier les conditions de (sa) reddition», a déclaré le Premier ministre français François Fillon, dont le pays compte au moins 12 000 ressortissants en Côte d'Ivoire, que la force de la Licorne avait commencé à évacuer depuis dimanche matin. Dans les rues d'Abidjan, les combats s'étaient poursuivis, faisant, selon l'ONU, plusieurs dizaines de morts qui s'ajoutent à plus d'un millier de victimes en quatre mois de crise politico-militaire. Laurent Gbagbo était arrivé au pouvoir en octobre 2000. Il devait remettre son mandat de président en jeu en 2005, mais le déclenchement d'une rébellion au nord du pays, menée par celui qui est devenu son Premier ministre entre 2007 et 2010, l'ex-rebelle Guillaume Soro, a fait reporter le scrutin jusqu'à la fin de l'an dernier. Le nouveau président ivoirien, Alassane Ouattara, s'est engagé hier, selon Alain Juppé, à former un gouvernement d'union nationale en Côte d'Ivoire. La crainte aujourd'hui, c'est de voir la crise ivoirienne affecter les pays voisins de la sous-région de l'Afrique de l'Ouest, où plus de cent mille ivoiriens s'étaient réfugiés suite à ces violences postélectorales. L. M.