Un clic, et le monde est à votre portée. N'est-ce pas là une voie royale qui s'ouvre à tous ceux qui n'avaient pas droit de cité, ni aucun moyen de s'exprimer et de faire connaître leurs opinions, espoirs ou créations ? Les révolutions arabes aujourd'hui, WikiLeaks et Anonymous hier, sont des exemples parmi des centaines de milliers d'autres qui montrent la place et le poids de plus en plus importants que prend Internet. Le Web a désormais effacé toutes les frontières. Il a fait tomber toutes les barrières cultuelles, culturelles, sociales et aussi, revers de la médaille, morales.Mais même si nous déplorons et condamnons les dérives qu'autorise le Net, ce n'est pas notre propos, du moins pas directement. Car plus l'art et les artistes occupent de la place sur la Toile, plus ils renforcent la socialisation de la culture et participent donc au recul des intégrismes, des dérives et autres fléaux qui menacent les internautes susceptibles d'être influencés, manipulés et instrumentalisés.La culture est sur la bonne voie. Les réseaux sociaux et les sites d'échanges regorgent de musiques, de films et de vidéos. Des expositions sont présentées dans des galeries virtuelles. Des sites et des bibliothèques numérisent des livres qu'on peut lire sur écran. Pour signer l'avènement du Net art, un professeur est allé jusqu'à organiser, en 1996, la première vente aux enchères publiques d'une Toile virtuelle, «Parcelle-réseau». L'œuvre a trouvé preneur, bien qu'elle soit virtuelle et que son acheteur ait pu donc la prendre ou la suspendre dans son salon. Les cinéastes désargentés ont aussi trouvé leur bonheur sur le Net comme d'autres créateurs. Des films ont été réalisés grâce à la contribution de membres de réseaux sociaux et diffusés sur la Toile, au grand bonheur des internautes qui peuvent voir, lire, écouter et même télécharger, sans débourser le moindre centime.Cette diffusion généralisée a d'ailleurs fini par faire réagir les majors de la production artistique qui, voyant leurs gains menacés par le piratage des œuvres, sont montés au créneau et ont réussi à imposer une protection légale des œuvres. En Algérie, nos artistes ont appris à exploiter le Web pour présenter leurs œuvres et se faire connaître. Certains ont même créé leur site. Mais au regard du nombre d'internautes qui surfent sur la Toile, sont sur des réseaux sociaux, visitent les sites d'échanges et, en l'absence d'une législation et d'un contrôle, téléchargent tout ce qui les intéresse, on peut dire que les artistes algériens sont en retard d'une révolution. Mais un retard qu'ils pourront rattraper en quelques clics… C'est aussi l'un des avantages de la technologie : elle a soumis le temps, du moins nous voudrions croire que c'est un avantage ! H. G.