Décidément, la gestion des déchets ménagers ne réussit pas à Oran. En dépit des sommes d'argent conséquentes allouées au secteur et à la mobilisation de tous les moyens nécessaires, la ville n'a pas encore rompu avec ces images désolantes de monceaux de déchets côtoyant les marchés de fruits et légumes, les établissements hospitaliers ou scolaires et ces tas d'ordures bordant les artères de la ville.A son arrivée à la tête de la wilaya, il y a trois petits mois, le nouveau wali avait indiqué que la lutte contre ce phénomène qui défigurait la ville constituait une de ses priorités. Il s'était très vite employé alors à équiper les services chargés du ramassage des ordures ménagères de tous les moyens matériels qu'ils n'avaient de cesse de réclamer depuis plusieurs années : un budget de 23 milliards de centimes a été dégagé par la wilaya d'Oran pour l'acquisition de dix bennes tasseuses, de camions de ramassage, de pelles mécaniques, de bacs à ordures… Mais ces efforts financiers ne semblent pas suffire puisque, quelques semaines seulement après ces précieuses acquisitions - (les services d'hygiène et de nettoiement ayant toujours expliqué l'échec de la collecte des ordures par le manque de moyens -, la majorité des quartiers ont renoué avec la déplorable situation qui a fini par faire leur réputation depuis trop longtemps. Les plus hautes autorités de l'Etat algérien n'ont-elles pas stigmatisé la saleté d'Oran il y a juste quelques années et appelé ses gestionnaires à plus de sérieux dans le travail ?Selon toute vraisemblance, l'aspect matériel ou les grèves des communaux n'étaient pas la cause principale de cette situation catastrophique, mais bien l'absence d'une politique réfléchie, appuyée sur des enquêtes et des investigations que des spécialistes auraient menées sur le terrain. Une étude, il est utile de le souligner ici, a pourtant bel et bien été lancée, l'année dernière, par l'Agence nationale des déchets (AND) pour établir un état des lieux précis de l'outil de gestion de collecte des déchets ménagers. Confiée à SEGU par GTZ, un organisme de coopération allemand, la tâche consistait plus précisément à récolter des données sur le volume exact et la nature des déchets, les points de ramassage et les itinéraires de collecte, la situation de la circulation automobile et des circuits empruntés par les véhicules de ramassage, le conditionnement des déchets, l'état du parc roulant et du matériel, les ressources humaines mobilisées… On ignore pour le moment si les résultats de cette étude ne sont pas encore connus ou si les mécanismes du schéma directeur de gestion de déchets ne sont pas encore bien huilés, mais on sait qu'après seulement quelques jours de répit pendant lesquels une nette amélioration avait été constatée, la ville d'Oran a dangereusement renoué avec la saleté.