Photo : Sahel Par Amirouche Yazid «Ould Abbès, la santé vous dépasse.» C'est le message adressé par les médecins résidents au ministre de la Santé, de la Population et des Réformes hospitalières. En grève depuis le 28 mars dernier, ils ont réussi, hier, une démonstration de force, à quelques mètres de la présidence de la République. Le rassemblement a drainé plus de 2 000 médecins résidents, munis de cartons rouges brandis à l'endroit de la tutelle. Le message signe la disqualification du premier responsable du secteur. La preuve : les médecins résidents ont décidé de boycotter la réunion à laquelle ils ont été invités par le ministère de la Santé. Pourquoi refuser cette offre de dialogue ? «Pour la simple raison que le ministre lui-même avoue son incapacité à trouver une solution à nos revendications», souligne un délégué. Convaincus que la solution ne peut être apportée par le ministre de la Santé, les grévistes ont décidé de s'en remettre au chef de l'Etat. «M. le Président, sauvez le résident», ont-ils scandé au cours du rassemblement soigneusement «pris en charge» par les forces de sécurité. Au vu de la large adhésion des médecins résidents et de leur détermination à poursuivre le mouvement de grève, tout porte à croire que le débrayage va encore durer. «Nous comptons aller jusqu'au bout de nos revendications», souligne une résidente. Les médecins résidents n'ont pas cessé de dire leur désapprobation vis-à-vis du service civil. «Nous réclamons l'abrogation du service civil obligatoire», dit l'un deux. Les manifestants ont scandé, à cet effet, «salaire minable pour un service civil obligatoire». Déçus de ne pas pouvoir se diriger vers la Présidence, ils ne se montrent pas moins satisfaits de leur action : «Pour la deuxième fois en une semaine, nous tenons un rassemblement qui a mobilisé des milliers de résidents. C'est un signe de la légitimité de nos revendications.» Il faut noter qu'en plus de l'abrogation des lois et décrets relatifs au service civil obligatoire des médecins spécialistes et du service militaire, les grévistes réclament la révision du statut de résident, la réévaluation de leur rémunération mensuelle et la révision de la prime de garde à hauteur de 4 000 DA au lieu de 690 DA. Face à la persistance de la grève des médecins résidents, Djamel Ould Abbès n'a pas trouvé mieux que de décréter l'illégalité de la grève.