Si l'industrie céréalière algérienne dispose actuellement d'une capacité de trituration appréciable, près de 230 minoteries en activité, elle est soumise, par contre, aux aléas de la qualité du blé dur local et à l'insuffisance de données sur les caractéristiques propres à chaque variété qui leur est proposée. «Sans la connaissance d'un minimum de caractéristiques, il devient difficile au transformateur de trouver la formule la mieux adaptée au processus de trituration», souligne Mme Sadli, consultante et experte en transformation de céréales auprès du groupe Benamor (dont la réputation de son couscous et de ses pâtes a dépassé les frontières du pays), rencontrée en marge d'un séminaire sur les potentialité d'exportation hors hydrocarbures tenu mercredi dernier à l'hôtel Hilton d'Alger. La consultante ajoutera : «Il est important pour le minotier avant d'utiliser une variété, de connaître ses caractéristiques pour savoir si elle s'adapte aux capacités techniques de leur équipement en place.» Mme Sadli a encore ajouté qu'«en ayant connaissance des caractéristiques propres à l'outil végétal réceptionné, le minotier peut procéder à des adaptations en fonction au lieu d'agir par essais répétés, ce qui généralement engendre des pertes considérables avant de trouver la formule appropriée». Elle soulignera, également, que les transformateurs, notamment ceux en constante recherche de la qualité de leur produit trituré, aspire à disposer d'une matière première des plus performantes. Cela est d'autant plus réalisable, à la condition que les céréaliculteurs optent pour ce même objectif. En clair, produire du blé qui répond aux exigences des minotiers. «Il leur est demandé d'apporter des correctifs dans leur manière de mener leur culture car il y va non seulement de leur avenir puisqu'ils sont appelés à devenir compétitifs, mais aussi dans le but de sauvegarder la production locale», a relevé Mme Sadli. «Une sauvegarde qui passe par une parfaite connaissance des exigences du marché et la recherche de variétés plus résistantes aux maladies et aux conditions climatiques et qualitativement nutritives», préconisent des agroéconomistes rencontrés lors du même séminaire. Ces derniers rappellent aussi que la sauvegarde de la production locale «est d'un intérêt majeur, dès lors où cela permettra de préserver l'environnement et par là même la santé du consommateur». Et de souligner que «l'objectif d'aller vers la performance servira les intérêts aussi bien des céréaliculteurs que des transformateurs». L'idée du groupe Benamor de créer un réseau de céréaliculteurs performants s'inscrit dans cette perspective qui reste une initiative tout à fait louable à plus d'un titre. Un réseau qui devient un impératif, selon ses promoteurs. Car, pour eux, «ce réseau servira de référence pour l'ensemble de la profession et un espace pour initier des démarches communes entre agriculteurs et transformateurs afin de répondre aux nouveaux enjeux tant économiques qu'alimentaires», a expliqué Laïd Benamor, rencontré également en marge du séminaire. Ce dernier a ajouté qu'«après avoir constaté que la qualité de la production nationale de blé dur reste en deçà des exigences du consommateur, nous avons initié un programme de promotion et de développement de la qualité du blé dur dans les régions où le blé dur est cultivé à grande échelle. La démarche consiste à appeler les producteurs leaders à s'engager au sein d'un réseau participatif avec les organismes stockeurs, sous l'égide de l'OAIC». En somme «tous les acteurs de la filière sont concernés. Le producteur, par l'application stricte de l'itinéraire technique, l'organisme stockeur au travers de la mise en oeuvre de moyens logistiques permettant l'identification de la collecte par lots et origines, son stockage et sa conservation et, enfin, le transformateur par l'utilisation de moyens technologiques adaptés (analyse à la réception, nettoyage, préparation de la mouture, trituration, etc.», a précisé Mme Sadli. Notons que les quelques céréaliculteurs, que nous avons joints par téléphone pour connaître leur avis sur l'initiative du groupe Benamor de mettre en place un réseau de céréaliculteurs performants, disent que cela va permettre au moins de valoriser tous leurs efforts. Les minotiers, eux, pensent qu'une fois le réseau opérationnel, une décantation va s'opérer dans le sens où ne resteront en course que ceux en quête de produire de la semoule, de la farine et des pâtes de qualité. Ces derniers estiment aussi que cette démarche favorisera le travail en synergie entre céréaliers et transformateurs. Un partenariat donc gagnant-gagnant, puisque les céréaliculteurs performants se verront en retour rémunérés à la hauteur de leurs efforts et les minotiers connaître un essor dans leurs activités. Z. A.