Le blé dur algérien est loin de répondre aux exigences des marchés local et international en matière de qualité. Avant 2007, la situation de la culture du blé était préoccupante. Avec 1,1 million d'hectares de superficie emblavée et juste 13 tonnes à l'hectare, l'Algérie était le premier importateur de blé dur au monde.Sa dépendance à l'importation était de 50% et représentait 30% des échanges mondiaux. La crise de 2007 a fait beaucoup de bien à l'Algérie en ce sens qu'elle a poussé les pouvoirs publics à consentir des efforts considérables et à prendre des dispositions pour encourager l'agriculteur. Lors de cette crise, une flambée exceptionnelle des cours de blé ayant atteint un pic historique de 800 dollars la tonne a créé une véritable panique sur les marchés mondiaux. Cette crise a plus que jamais mis en évidence le niveau préoccupant de la dépendance nationale à l'importation ainsi que son poids sur la balance commerciale, posant ainsi l'épineuse question de la sécurité alimentaire du pays. Cette crise de 2007 a poussé l'Etat à consentir des efforts considérables et à prendre des dispositions uniques pour encourager les agriculteurs. Il s'agit, notamment, du soutien aux agriculteurs à hauteur de 44 milliards de DA, de crédits bancaires à taux bonifié, du soutien des intrants à hauteur de 20% pour les engrais et 40% pour les semences, soutien à l'acquisition des machines agricoles à hauteur de 40%, et, enfin, d'installation des Conseils régionaux interprofessionnels de céréales. Ces mesures se traduiront également sur le terrain par la sécurisation de la production à travers l'irrigation d'appoint avec un objectif de 350 000 ha dans les trois prochaines années contre 30 000 ha actuellement. Toutes ces mesures ont produit des résultats encourageants, avec une hausse de plus de 50% de la production nationale, une légère progression des rendements qui sont passés de 11 à 15 quintaux/hectare ainsi qu'une augmentation des superficies emblavées en blé dur. Toutes ces mesures prises par les pouvoirs publics ont permis, certes, d'augmenter sensiblement la production mais l'approche qualitative reste totalement occultée. En effet, même si l'Etat n'a pas importé de blé dur et d'orge depuis avril 2009, les transformateurs ne cessent de se plaindre du fait que le blé dur local ne répondait pas à la qualité requise pour leurs produits. Les exigences du marché dictent donc de hisser les standards de la qualité du blé dur algérien au niveau de la concurrence des blés importés. Dans le temps, pour répondre à une demande sociale, les agriculteurs ont privilégié par nécessité leur fonction de production le plus souvent au détriment de celle de la qualité de leurs produits. Aujourd'hui, pour sauvegarder la production locale, les agriculteurs doivent connaître les exigences du marché et de s'y adapter par le respect des itinéraires techniques adéquats (la recherche de variétés plus résistantes aux maladies, plus tolérantes aux conditions climatiques étant du ressors du sélectionneur). Pour y parvenir, la céréaliculture en Algérie, en plus des entraves d'ordre organisationnel, devra surmonter les difficultés techniques auxquelles elle est confrontée à savoir l'indisponibilité des engrais à temps, le manque de fertilisation, et à la non-maîtrise de mauvaises herbes. Les experts algériens et étrangers ayant pris part aux journées techniques sur la promotion de la filière blé dur, tenues le 15 et 16 décembre dernier à Annaba organisées par le groupe Benamor, étaient unanimes à considérer que le développement de la culture du blé dur en Algérie est tributaire de la vulgarisation des techniques agricoles modernes parmi les céréaliers. Des techniques qui doivent être intégrées à travers toutes les étapes de la culture du blé, à savoir du choix variétal de la semence jusqu'au stockage de la moisson, en passant par la fertilisation du sol et son désherbage. Mme Fatiha Sadli, experte en céréales, a avancé, dans sa communication, que le désherbage n'est appliqué que sur 2% de la superficie cultivée de blé dur en Algérie. R. Sayoud, phytopathologiste, a abordé l'aspect traitant de la prolifération des maladies, à l'exemple de la Septoriose, la Tache auréolée et la Carie. Des maladies, a-t-il dit, qui constituent les principaux aléas qui altèrent la qualité des blés. De son côté, S. Zitoune, expert-consultant international, a focalisé son intervention sur la nécessité de maîtriser les procédés techniques inhérents au stockage des céréales. Selon lui, les agriculteurs doivent connaître le processus d'altération des grains et maîtriser les techniques de conservation pour se prémunir contre les risques liés au stockage des grains. En somme, c'est la solution de l'ensemble de ces menaces qui pourrait permettre d'avoir une augmentation de la productivité et une amélioration de la qualité du blé dur en Algérie. repères Sur le 1,1 million d'agriculteurs que compte l'Algérie, près de 600 000 cultivent des céréales. Annuellement, 3,25 millions d'hectares sont cultivés en céréales. Ce qui représente 40% de la surface disponible. En ce qui concerne la production céréalière, elle se situe autour de 4,5 millions de tonnes. En 2009, la production s'est élevée à 61,2 millions de quintaux, se répartissant entre 24 millions de quintaux d'orge, 24,3 millions de blé dur et 11,3 millions de blé tendre. Sur le plan socioéconomique, le secteur céréalier représente 200 milliards de dinars en revenus d'emploi, soit près de 2,6 milliards de dollars, selon les chiffres de l'OAIC. Le montant des importations des céréales en 2008 a dépassé les 3,25 milliards de dollars contre 1,2 milliard de dollars en 2009. L'Algérie a donc économisé près de 2 milliards de dollars. Pour la campagne labours-semailles 2010/2011, un bilan du ministère indique que les superficies semées, à la date du 20 décembre 2010, ont atteint plus de 2,6 millions d'hectares avec 1,3 million quintaux de semences consacrées.