Photo : Riad Par Faouzia Ababsa «Le discours prononcé par le chef de l'Etat n'a rien de démagogique, et il était loin des gesticulations.» C'est l'avis exprimé hier sur les ondes de la radio nationale par le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH). Farouk Ksentini a affirmé que la révision constitutionnelle est une revendication de la société civile et des partis politiques. «Ce qui m'intéresse, c'est d'aller vers une Constitution plus démocratique. Qui définisse les pouvoirs, les attributions de chacune des institutions et l'élargissement des prérogatives de chacune d'entre elles», a-t-il indiqué, faisant allusion certainement au renforcement des pouvoirs du Parlement dans ses missions de contrôle. Il considère que les réformes annoncées par le chef de l'Etat augurent de bons présages en ce qu'elles comportent comme changement des lois sur les élections, les partis politiques et les droits sociaux. «Ces annonces coupent court à toutes les critiques sur ces questions.» L'invité de Souhila El Hachemi estime important le fait d'associer les partis politiques dans l'élaboration de la loi électorale. «Celle-ci est la base de tout. Elle permettra notamment l'agrément de nouveaux partis politiques.» A ce propos, il attire l'attention sur ce qu'il qualifie de dérapages : «Il faut être strict sur cette question et interdire les partis qui veulent utiliser et instrumentaliser la religion à des fins politiques et électoralistes.». Pour lui, l'annonce de la dépénalisation des délits de presse a été «la cerise sur le gâteau dans le discours du président de la République». Il a indiqué qu'il ne s'y attendait pas et qu'il pensait que le chef de l'Etat allait avoir des propos plus nuancés. «C'était l'un des grands reproches faits à l'Algérie», a-t-il rappelé. «L'Algérie peut se targuer d'avoir une presse libre car elle représente un acteur essentiel dans le processus démocratique», a-t-il encore déclaré. Pour lui, il reste toujours quelque chose à faire en matière de démocratie. D'autant que «tous les ingrédients sont réunis pour aller vers une démocratie dans toute l'acceptation du terme». «Ne nous contentons pas d'une démocratie de façade. C'est contre-productif», a-t-il ajouté Plus précis, le président de la CNPPDH dira que le processus démocratique en Algérie a débuté après les événements du 5 octobre 1988. Seulement, il a été freiné et bloqué par le terrorisme. «Les choses sont devenues possibles grâce à la paix civile et à la réconciliation nationale», a-t-il avancé. En matière des droits de l'Homme, il a indiqué que c'est un combat permanent et incessant. «On n'en a jamais fini. Car au fur et à mesure que la société se développe, les problèmes surgissent. Il faut rester vigilant», estime l'invité de la Chaîne III qui ajoute : «Ce qu'il reste à faire, c'est de nous débarrasser de la bureaucratie qui est une atteinte aux droits des citoyens.» «Il y a des choses à faire, nous sommes dans la bonne direction. Le plus grand prédateur des droits de l'Homme, c'est l'Etat, le plus grand protecteur, c'est l'Etat. Faisons en sorte qu'il en demeure le protecteur»' renchérit-il. «La corruption a redoublé de férocité. C'est un phénomène qui entrave le développement économique et freine les investissements», dit-il. Sur un autre registre, Me Ksentini a abordé quelques points du rapport élaboré par l'institution qu'il dirige et qu'il doit remettre au chef de l'Etat à la fin du mois en cours. Il s'agit des disparités entre les citoyens et les régions, du chômage, de la justice, etc. Au sujet de celle-ci, il reconnaît que des efforts ont été réalisés, mais ils restent insuffisants. Farouk Ksentini reconnaît que ce «n'est pas possible de résorber les retards accumulés en quarante ans en moins d'une décennie». Il a d'autre part applaudi au projet de réforme du tribunal criminel qui devra être adoptée très bientôt. A propos du rapport du département américain sur les droits de l'Homme, Me Ksentini a affirmé qu'il le rejetait parce qu'il est «d'une extrême sévérité, même s'il comporte en son sein des points positifs». Et d'ajouter que «les Etats-Unis étaient très mal placés pour nous donner des leçons en matière de droits de l'Homme, eux qui les violent depuis des décennies à travers toute la planète». Il citera les malheureux exemples de la Palestine, de l'Irak et l'intervention américaine en Libye présentement.