Presque trois mois après le début du conflit en Libye qui s'est vite, rappelons-le, transformé en guerre civile, les Etats-Unis ont décidé d'utiliser des drones armés au-dessus de ce pays afin de permettre une plus grande précision dans les frappes de la coalition internationale, en évitant en particulier les civils. Ainsi, les Etats-Unis s'engagent de nouveau dans la guerre en Libye. Le gouvernement libyen a mis en garde hier contre les conséquences de cette décision et averti que le recours par les Etats-Unis à l'usage de drones causera plus de pertes civiles dans le pays. En plus des dromes, le président américain a annoncé son soutien à la décision des alliés d'envoyer des conseillers militaires, mais Mme Clinton a explicitement exclu que les Etats-Unis en envoient eux-mêmes. Rappelons que la France, qui a exclu toute intervention au sol, a annoncé, tout comme l'Italie et le Royaume-Uni, l'envoi de conseillers militaires. Quelques officiers français effectuent déjà une mission pour conseiller le CNT. Rome va envoyer dix instructeurs à Benghazi et Londres au moins 20 militaires. La secrétaire d'Etat américaine a souhaité, d'autre part, l'aide de l'Union africaine pour parvenir à une solution politique. Le ministre russe des Affaires étrangères a estimé que l'envoi de conseillers militaires marque le début d'une opération «terrestre», acte «risqué et aux conséquences imprévisibles». La nouvelle a, en revanche, réjoui les insurgés sur le front de l'Est. «Si on combine le courage de nos rebelles avec l'expérience des conseillers militaires, on obtiendra des résultats de premier plan», a déclaré un insurgé à Ajdabiya. «Nous voulons des armes et une formation. Le reste, nous pouvons le faire nous-mêmes», a-t-il ajouté. Jeudi dernier, les rebelles ont réussi à prendre l'un des principaux postes frontières, proche de Wazzan et de Dehiba en Tunisie. Une centaine de soldats pro-Kadhafi, dont des officiers, ont fui du côté tunisien pour échapper aux rebelles. Ils ont été interrogés par des militaires tunisiens, puis ramenés quelques heures plus tard en territoire libyen, à une vingtaine de kilomètres du poste contrôlé par les rebelles. Selon un chef de l'opération rebelle, «entre 5 et 10» soldats pro-Kadhafi ont été tués et 25 blessés. Dans la nuit de mercredi à jeudi, des raids de l'Otan ont fait sept morts et 18 blessés parmi les civils dans la région de Khellat Al-Ferjan, sud-ouest de Tripoli. Neuf personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées dans des raids aériens de l'Otan à Syrte, dans le centre de la Libye, a rapporté hier la télévision publique libyenne. A Benghazi, où les prémices d'une procédure pénale internationale contre Kadhafi commencent à se dessiner, puisque l'ONG Avocats sans frontières (ASF) va saisir la CPI sur des «crimes contre l'humanité et crimes de guerre à grande échelle», le sénateur américain John McCain est arrivé hier pour rencontrer les dirigeants du Conseil national de transition (CNT), l'organe politique de la rébellion. Il s'agit de la plus haute personnalité américaine à se rendre dans les territoires contrôlés par les rebelles en Libye depuis le début du soulèvement à la mi-février. McCain a appelé la communauté internationale à reconnaître le CNT comme «la voix légitime du peuple libyen». A préciser qu'une cérémonie a marqué, dans la nuit de jeudi à hier, l'arrivée à Benghazi des corps des deux photographes de guerre tués mercredi dernier dans la ville assiégée de Misrata. A Tripoli, le régime du colonel Kadhafi s'est dit «très triste» de la mort des deux journalistes étrangers, tout en affirmant que son armée n'était pas responsable. Le photographe et documentariste britannique Tim Hetherington et le photographe américain Chris Hondros ont été tués par un obus de mortier. H. Y.