De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Les opérateurs économiques de la wilaya de Tizi Ouzou ont dénoncé, le week-end dernier à Tizi Ouzou l'état d'«abandon» et de «dégradation» des zones d'activité industrielles et abordé les perspectives de l'investissement en Kabylie à l'occasion de l'assemblée générale annuelle des adhérents de la Chambre de commerce et d'industrie du Djurdjura (CCID) organisée à l'hôtel Lala Khedidja. Devant le wali et des élus de l'Assemblée populaire de wilaya (APW), M. Ameziane Medjkouh, le président de la CCID, a fait un diagnostic des plus sombres de la situation du secteur économique dans la wilaya de Tizi Ouzou. Les participants ont avancé le chiffre de 10 milliards de dinars nécessaires pour la réhabilitation des zones d'activité industrielles.Pour souligner cet état, l'intervenant a affirmé que, durant l'année 2010, aucune entreprise économique employant plus de cinquante travailleurs n'a vu le jour, alors que les 53 000 opérateurs inscrits au registre du commerce engendrent une taxe sur l'activité professionnelle (TAP) de plus de 650 millions de dinars. Cette contradiction et le déséquilibre dans les chiffres sont vus comme une injustice par les opérateurs de la région qui exigent plus d'égard de la part de la tutelle économique du pays qui affiche une véritable «indifférence» à leurs préoccupations. Des «préoccupations» qualifiées d'«objectives» par les représentants de l'administration locale présents à cette rencontre annuelle ordinaire. Les données et les statistiques rendues publiques par la CCID le jour même exigent en fait des «mesures incitatives à l'investissement du privé pour rattraper le retard», selon les opérateurs, surtout quand on sait que, aujourd'hui, seules 6,5 entreprises pour 1 000 habitants sont présentes dans la wilaya de Tizi Ouzou contre une moyenne nationale de 11,5 pour 1 000 habitants. Par ailleurs, le taux de chômage officiel dépasse les 18% (contre une moyenne nationale de 10%) pour une population dont plus de 54% a moins de 30 ans. L'insécurité chronique et cyclique qui sévit depuis plus d'une décennie en Kabylie inquiète aussi les opérateurs dont une soixantaine ont été enlevés puis remis en liberté par des groupes armés contre le paiement de rançons importantes. Pour rappel, l'entrepreneur Slimana est décédé des suites de ses blessures lors d'un guet-apens tendu par un groupe terroriste près de chez lui à Tamassit, Azazga, il y a quelques semaines. Pour tenter d'apporter des solutions à cette situation critique qui règne en Kabylie, des élus de l'APW et des opérateurs ont demandé un plan spécifique à l'exemple des autres régions d'Algérie comme le Sud et les Hauts Plateaux d'autant plus que les wilayas de la région sont classées comme zones de massif montagneux au relief accidenté. Les opérateurs ont demandé leur dû des 386 milliards de dinars promis par le ministre de l'Industrie pour la mise à niveau des PME et le déblocage des 100 milliards de centimes affectés au fonds local d'investissement.