Tant décrié par une partie de la corporation, notamment la jeune génération, le code de l'information d'avril 1990 constitue l'un des acquis fondamentaux arrachés de haute lutte à l'époque par le mouvement des journalistes algériens. Hormis ses dispositions pénales (prévoyant des peines d'emprisonnement) et certains articles relatifs à la composante du haut conseil à l'information, le code, toujours en vigueur, s'il était réellement mis à exécution, le monde de la presse aurait été bien différent. C'est le cas de la disposition sur le droit d'accès aux sources de l'information. «Le droit d'accès aux sources de l'information est reconnu aux journalistes professionnels. Il permet notamment au journaliste professionnel de consulter les documents émanant de l'administration publique se rapportant à l'objet de sa mission et ne faisant pas partie des documents dûment classifiés et protégés par la loi», prévoit l'article 35 de la loi de 1990. Force est de constater que la réalité est tout autre. Qu'il s'agisse de l'administration publique ou d'entreprises privées, les journalistes ont du mal à accéder à l'information, jalousement gardée par les uns et les autres, même si ladite information relèverait du secret de Polichinelle. Sauf que lorsque le journaliste aborde des sujets importants, il a besoin d'avoir de la matière - même brute - afin de s'en faire une idée et pouvoir par là même la traiter. Le code de l'information prévoit aussi, dans le cas où l'on interdit au journaliste d'accéder à la source, des amendes à l'encontre des auteurs. Toutefois - et encore une fois cela n'a jamais été appliqué -, les pouvoirs publics ont de tout temps été peu enclins à se soucier du droit à l'information du citoyen. Parce que c'est essentiellement de cela qu'il s'agit. D'informer le citoyen pour qu'il ne tombe pas dans la manipulation et les contre-vérités. Aujourd'hui, tout le monde reconnaît, le Premier ministre en tête, qu'en matière de communication, les pouvoirs publics ne savent pas y faire. C'est comme si l'on craint ici et là que l'information sortie suscite des réactions de certaines parties qui n'auraient rien à gagner. Pourtant, le citoyen est justement assoiffé d'informations, et dans tous les domaines. Pour ne prendre que l'exemple des différents dispositifs arrêtés par l'Etat sur l'emploi des jeunes et l'octroi de crédit, les prétendants ne savent pas où tourner de la tête en ce sens qu'ils font face à des informations discordantes. Ce qui prouve que même la communication entre les institutions laisse encore à désirer. Aussi, le citoyen comme le journaliste censé l'informer se retrouvent être otages de mentalités archaïques, ne laissant place à aucune amélioration des relations entre la famille de la presse et ses supposés partenaires. Censé être le trait d'union entre l'Administration et la population, le journaliste ne doit son salut en matière d'accès à l'information qu'à ses relations strictement personnelles et ses contacts qu'il a mis longtemps à entretenir pour maintenir la confiance placée en lui. Il serait donc temps pour les institutions de s'ouvrir sur leur environnement. Cela éviterait bien des situations dramatiques. F. A.