Synthèse de Rabah Iguer L'écrivain américain, Jean Lamor, trouve que le Maroc fait «abstraction du peuple sahraoui à la manière de l'Etat hébreu qui fait abstraction du peuple palestinien». Lors d'un passage à Paris, l'intellectuel américain, cité par l'APS, a répliqué à l'écrivain marocain Tahar Benjelloun qui, dans une déclaration à l'hebdomadaire italien l'Espresso, «s'est engagé de manière irréfléchie sur la question sahraouie [à] en empruntant les thèses et les termes de la propagande de l'Etat marocain». «C'est d'ailleurs la règle de base pour toute instance colonisatrice : ignorer la population habitant la terre qu'on désire coloniser ou la diaboliser pour en faire l'ennemi désigné», a encore dit l'écrivain, relevant «les similitudes entre les méthodes de répression appliquées respectivement par Israël et le Maroc à l'égard des populations palestiniennes et sahraouies». Depuis le début de la colonisation dans ces deux régions, on a assisté à «des bombardements des populations pour provoquer l'exode des habitants, à une répression féroce de la population restée dans les territoires militairement occupés, à la construction d'un gigantesque mur répressif et à l'injection massive de colons et la construction effrénée de colonies et d'infrastructures au seul usage de ces colons avec l'occupation militaire des capitales [El Ayoune et El Qods]», a-t-il rappelé. Il a ajouté que, «finalement, chaque Etat, Israël comme le Maroc, consolide son occupation illégale de ces territoires colonisés par la violation systématique et répétitive des résolutions de l'ONU assortie d'une campagne de propagande internationale massivement mensongère». Décrivant les réalités coloniales, M. Lamore a dénoncé les «enlèvements, tortures et incarcérations arbitraires que subissent les Sahraouis au quotidien» dans les territoires occupés où «la presse y est interdite, les commissions d'enquête parlementaires européennes en sont refoulées et où s'opère la spoliation massive des ressources naturelles par l'occupant marocain malgré les injonctions de l'ONU». «A lui seul, le mur du Sahara occidental illustre la hauteur des engagements consacrés à la répression du peuple sahraoui», a-t-il poursuivi, s'indignant de cette «infamie des murs» qu'il a qualifiée d'«exception des temps modernes où un pouvoir de type tyrannique est porté à entraîner des solutions extrêmes pour ses besoins momentanés». Le reporter américain a aussi évoqué «ces vastes territoires du Sahara occidental, largement un tiers de la zone que le Maroc a tenté d'annexer, mais que le Front Polisario a libéré». «C'est là que la RASD [République arabe sahraouie démocratique, ndlr] a élu sa capitale provisoire, Tifariti. Lors des grandes célébrations, congrès et autres manifestations culturelles, on peut y croiser des milliers de personnes venues de tous les pays du monde.» En ce qui concerne les camps de réfugiés sahraouis qu'il a comparés avec ceux des Palestiniens, il a relevé que de «nombreux visiteurs venus de pays européens et surtout d'Espagne, autant que des Etats-Unis ou du Japon, ont témoigné du drame des peuples privés de leur terre, de leur patrie, d'où ils ont été chassés au napalm, il y trente-trois ans par l'armée marocaine». Il en a déduit que «nier la RASD, c'est aussi s'opposer à la vision d'une majorité de nations africaines qui sont elles-mêmes issues de luttes âpres et récentes pour leur propre indépendance et qui ont déjà reconnu la nation sahraouie».