La campagne de représailles israélienne se poursuit et s'intensifie contre l'accord de réconciliation interpalestinien du Fatah et du Hamas, signé le 4 mai dernier au Caire, alors que la pression internationale s'accentue davantage sur les autorités de Tel-Aviv, quasi-unanimement accusées de vouloir saper tous les efforts de paix au Proche-Orient. Après avoir ouvertement dénoncé cet accord, le gouvernement du Premier ministre Benyamin Netanyahou a procédé au gel des fonds appartenant à l'Autorité palestinienne (AP), collectés sous forme de taxes douanières et autres et estimé à plus de 105 millions de dollars, soit le tiers de son budget. En dépit des dénonciations internationales, Tel-Aviv a refusé de transférer cet argent, plongeant l'AP dans une véritable crise financière, la première depuis 2007, ont indiqué les médias palestiniens. Le Premier ministre palestinien, Salam Fayyad, a indiqué lundi que le gel de cet argent a placé l'AP dans une situation financière «très difficile», a rapporté Reuters. Pour la première fois donc, depuis quatre ans, les 150 000 agents employés par l'AP ne peuvent pas percevoir leur paie qu'ils avaient l'habitude de retirer le cinq du mois depuis mai 2007. «Nous sommes aujourd'hui le 9 mai et nous ne pouvons pas honorer l'échéance», a dénoncé Salam Fayyad, cité par les médias. Trois jours auparavant, c'était le secrétaire général de l'Organisation des nations unies, Ban Ki-moon qui avait désapprouvé la décision israélienne de geler cet argent, déclarant que Benyamin Netanyahou ne devrait par retenir ces fonds qui représentent 70% du budget de l'Autorité palestinienne. D'autres voix se sont élevées contre cette mesure israélienne visant à déstabiliser les Palestiniens, mais surtout à empêcher la reconnaissance d'un Etat palestinien en septembre prochain à l'ONU. Mais les autorités de Tel-Aviv demeurent inflexibles devant toutes ces pressions. Hier matin, le ministre israélien des Finances, Youval Steinitz, a réitéré le refus de son pays à céder à la pression internationale, dans un entretien à la radio publique israélienne. «Le report du transfert des fonds a constitué un carton jaune pour l'Autorité palestinienne après la signature d'un accord avec le Hamas. Pour le moment, il s'agit d'un report d'une semaine à dix jours, mais le carton pourrait devenir rouge, cela dépendra des clarifications que fournira l'Autorité palestinienne», a-t-il affirmé sans détour. Israël a justifié ce gel par la peur de voir l'AP transférer au Hamas une partie de ces fonds une fois débloqués. La France, qui a promis le versement d'une aide de 10 millions d'euros à l'Autorité palestinienne, a critiqué ce gel. Mais aussi des membres du gouvernement israélien, tels que le ministre de la Défense Ehud Barak et le ministre chargé de la Défense passive Matan Vilnaï, ont critiqué le gel qui ne fait que radicaliser la position du Hamas, trop peu enclin à reconnaître l'existence d'un Etat juif aux côtés d'un Etat palestinien indépendant. L. M.