De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar On évite d'en parler. C'est presque un tabou. Et, la question ne semble pas préoccuper beaucoup de monde, bien que son impact sur la vie quotidienne des gens soit désastreux. En effet, la grève illimitée des personnels communaux, qui est aujourd'hui à son treizième jour, ne suscite pas beaucoup de réactions même si elle pénalise au plus haut point l'ensemble des citoyens. Les amoncellements d'ordures s'allongent dans l'indifférence à tous les coins de rue. Les chiens errants, les chats sauvages et les rats se disputent les restes de repas décomposés sous le regard outré des passants pressés de rentrer chez-eux. Toutes les villes de la wilaya de Béjaïa puent. Les moustiques prolifèrent. La situation est franchement insupportable. Faute de dialogue, le pourrissement s'installe. A l'appel du Syndicat national des personnels de l'administration publique (Snapap), initiateur de ce mouvement de débrayage, les travailleurs des communes ont marché jeudi dernier, au chef-lieu de wilaya, pour rappeler leurs revendications et appeler la tutelle à se pencher sur leur cas. De la maison de la culture Taous Amrouche jusqu'au siège de la wilaya, des centaines de salariés ont battu le pavé sous une pluie légère pour se faire entendre. «On ne comprend pas ce silence radio de la tutelle. Nos revendications sont pourtant légitimes. On ne demande qu'un minimum de considération», s'insurge Nordine Kerkour, le responsable syndical des communaux. Pour rappel, les protestataires exigent la finalisation et la mise en œuvre du statut particulier de la corporation, l'élaboration d'un régime indemnitaire digne et la hausse des salaires à travers la révision du point indiciaire. «Le salaire des travailleurs communaux, qui oscille aujourd'hui entre 9 000 et 22 000 dinars, nécessite un accroissement conséquent. La vie est chère et le pouvoir d'achat des employés municipaux s'est totalement émoussé», avait déclaré le même interlocuteur au cours d'une précédente rencontre.Le statu quo actuel pénalise aussi les administrés, qui attendent à la réouverture des guichets de l'Etat-Civil pour la délivrance de divers documents administratifs. Le conflit risque, par ailleurs, de compromettre l'ouverture de la saison estivale. Il est impératif d'agir pour dénouer cette crise.