Photo : Zoheir Par Badiaa Amarni La situation vécue par la Tunisie et l'Egypte, deux pays qui ont pour habitude de recevoir des flux importants de touristes algériens, profite à la Turquie et au Maroc et non à l'Algérie.En effet, l'Algérie a une fois de plus raté l'occasion de récupérer le 1,3 million de touristes qui partent en Tunisie chaque été où ils déboursent leur argent, parce que les capacités et la qualité des infrastructures d'accueil et d'hébergement algériennes sont en deçà des besoins exprimés. Cette réalité est bien amère. L'Algérie n'a pas encore réalisé les objectifs du développement de son tourisme, entre autres l'augmentation des capacités d'accueil qui ne sont actuellement que de 90 000 lits, alors que les perspectives établissent la réalisation de 70 000 lits supplémentaires.Les objectifs sont, certes, établis, mais les résultats sont bien maigres. Entre la volonté exprimée par les pouvoirs publics et la réalité du terrain, le décalage est énorme. Cela se vérifie aisément au Salon du tourisme et de l'artisanat où Tunisiens et Marocains et même Turcs ont mis le paquet pour attirer la clientèle à travers des stands attrayants et un accueil chaleureux. Les Algériens, malgré une nette amélioration dans les décors, la confection des prospectus et des affiches au plan accueil, beaucoup reste à faire chez de nombreux personnels évoluant dans ce secteur. La journée de Vendredi, à titre d'exemple, a été caractérisée par une absence de responsables au niveau des stands des organismes étatiques de promotion de tourisme et même chez certains opérateurs privés. On a eu peine à trouver certains cadres à même de nous entretenir pour évoquer les préparatifs de la saison estivale de cette année et les offres qu'ils proposent pour récupérer les touristes algériens habitués à se rendre en Tunisie. La volonté de la Tunisie à récupérer les touristes algériens Pourtant, ce pays voisin et frère continue à tout mettre en oeuvre et tous les stands étaient occupés par leurs responsables qui accueillaient avec le sourire les visiteurs algériens leur proposant des formules et des offres alléchantes afin de les convaincre de revenir dans leur pays. Les stands grouillaient d'Algériens qui se renseignaient non seulement sur les tarifs mais aussi en premier lieu sur la situation qui règne après la révolution du Jasmin. Les représentants des hôtels, les tour-opérateurs et professionnels tunisiens du tourisme même s'ils reconnaissent l'existence de certains incidents les rassurent, à chaque fois, que les stations balnéaires sont complètement sécurisées. La Tunisie compte encore sur la venue, cet été, des Algériens pour relancer le secteur qui est plus ou moins en déclin depuis les derniers évènements. «On cible beaucoup le marché algérien. Au cours des cinq dernières années, notre chiffre d'affaires a augmenté avec le marché algérien», nous explique M. Kantaoui Gallas, web commercial au niveau de la chaîne hôtelière El Mouradi, l'une des plus grandes en Tunisie. Et d'ajouter qu' «après la révolution, nous avons constaté une chute libre du nombre des Algériens en Tunisie». Notre interlocuteur, en précisant que «beaucoup de rumeurs circulent en Algérie et certains articles de presse sont agressifs», a tenu à rassurer les Algériens que «la situation est bien stable en Tunisie depuis ce mois de Mai et qu'ils sont toujours les bienvenus». Des réductions de 20% sont offertes aux Algériens invités à consulter leurs agences habituelles en Algérie, conclut M. Kantaoui Gallas. Et comme ce cadre dans le tourisme tunisien, beaucoup de ses confrères se sont dépensés pour convaincre les Algériens à revenir dans leur pays. Tous les moyens sont étudiés, en plus d'une réduction conséquente des tarifs, l'idée de faire des dessertes par bateau entre la Tunisie et l'Algérie a été évoquée lors d'une réunion des opérateurs avec le ministre tunisien du Tourisme. C'est ce que nous a déclaré le gérant de l'hôtel Lilas à Hammamet, ajoutant que la côte est très bien gardée non sans préciser que l'Algérien est un client extrêmement intéressant. Après la Tunisie, la Turquie En tout état de cause, beaucoup d'Algériens rencontrés au Sitev 2011, plus précisément au niveau des stands de la Tunisie, ont affiché leur volonté de retourner dans ce pays voisin et frère. L'un d'eux vient à peine de revenir de son voyage au début du mois de mai qu'il cherche déjà d'autres promotions pour repartir cette fois-ci en famille.Sinon pour les nationaux qui hésitent à repartir chez nos voisins, ils sont en train de chercher d'autres destinations. Et voilà que la Turquie les intéresse déjà beaucoup, même s'ils jugent chers les prix affichés par les agences de voyages et tour-opérateurs présents au salon. Zeynep B.Karabacak, représentante d'une agence de voyages turque, nous a déclaré que son pays a connu, après les évènements de Tunisie et d'Egypte, une grande demande de la part des touristes algériens. Nombreux déjà à se rendre à Istanbul, les nationaux sont invités à explorer d'autres régions touristiques, à l'exemple de Bodrum, Mermeriz… Toutes les agences de tourisme ont vu leur demande vers la Turquie augmenter.Une information que nous a confirmée un jeune directeur technique au niveau de l'agence XL Travel. M. Yacine Chekkar, car c'est de lui qu'il s'agit, nous a déclaré que les vols vers la Turquie sont à 70% pleins. Les sièges sont déjà réservés. Et de dire aussi que le Maroc est en train aussi de récupérer les touristes algériens habitués à se rendre en Tunisie. Pour lui, l'Algérie n'a malheureusement pas les capacités d'accueil surtout concernant le produit balnéaire. «Nous, au niveau des agences, essayons de faire de notre mieux pour récupérer cette clientèle mais l'Etat a aussi un rôle important à jouer», nous confie notre interlocuteur. Cette agence de voyages, partenaire de l'ONT (office national du tourisme), essaye de promouvoir le tourisme en Algérie «en proposant des destinations locales mais les capacités d'hébergement sont insuffisantes». Capacités d'hébergement insuffisantes en Algérie C'est le cas justement au niveau des différentes structures hôtelières du pays, à l'exemple de la wilaya de Tipasa. Le mois de juillet affiche déjà complet. L'EGT (Entreprise de gestion touristique) de Tipasa offre des réductions de 50% pour le mois d'août, soit au mois de Ramadhan, à tous les clients qui réserveront lors du Sitev 2011. Une autre réduction de 20% concernant les mois de juin et septembre est proposée par cette entreprise de gestion touristique.Pour leur part, les privés essayent tant bien que mal d'attirer la clientèle. Mais le manque de capacités d'hébergement parfois entrave cette bonne volonté. C'est à l'exemple du complexe touristique Mahieddine Terga Plage à Aïn Temouchent qui ne dispose que de 32 appartements dont 28 en F3 et 4 en F2. «Nous sommes gênés de ne pouvoir répondre actuellement à la demande, mais nous travaillons sur d'autres projets pour essayer de satisfaire la demande du marché national», nous explique le représentant du stand.Pour sa part, le groupe Belazzoug, qui propose 10% de réduction sur ses tarifs pour ceux qui réservent dans ses hôtels lors du salon, a aussi beaucoup de projets touristiques. Pour le mois de Ramadhan, une organisation spéciale a été mise en place l'année dernière et qui a conquis les familles. Cette année encore, les restaurants du groupe seront ouverts durant le ftour et le shour avec une animation autour de bouqualates. La plage sera ouverte aux baigneurs la nuit, et pour ceux qui préfèrent prendre l'air des tables chaises et des projecteurs seront installées.Le secteur du tourisme en Algérie est en pleine effervescence. Beaucoup de projets sont en cours et d'autres attendent l'aval des autorités concernées. Celles-ci gagneraient à faciliter les démarches pour les investisseurs de bonne foie si elles veulent que le secteur joue pleinement son rôle de locomotive économique qui drainera beaucoup de recettes pour le pays.