La douleur est un trouble qui touche de plus en plus d'individus et constitue un motif fréquent de consultation médicale. Cependant, cette pathologie demeure sous-estimée en Algérie et mal pris en charge. «Entre 30 et 80% des douleurs ne sont pas soulagées», selon le professeur Brahim Griène, président de la Société algérienne d'étude et de traitement de la douleur. «La douleur est un état physiologique résultant d'une complication au niveau de l'organisme, citant les différents types de douleurs notamment celles des cancers, douleurs en chirurgie orthopédique, douleurs articulaires et douleurs post-opératoires», expliquera-t-il.Mieux comprendre la douleur et écouter les patients pour mieux les traiter, c'est ce que préconisent les professionnels de la santé qui sont intervenus, vendredi dernier à l'hôtel Sheraton Club des Pins, lors des 3èmes journées de prise en charge de la douleur. Les douleurs sont fréquemment associées à la maladie cancéreuse, un problème de santé publique qui fait chaque année 30 000 nouveaux cas dans notre pays. Les personnes atteintes d'un cancer éprouvent souvent des douleurs graves ou constantes. Même si le soulagement des douleurs provoquées par le cancer demeure une priorité importante, elles ne sont pas toujours comprises ou traitées correctement. La prise en charge des douleurs cancéreuses reste encore insuffisante.Intervenant à ce sujet, le Pr Kamel Bouzid, chef de service au Centre anti-cancéreux Pierre et Marie Curie, a appelé à la prise en charge impérative de la douleur chez les cancéreux. Il a préconisé «la mise au point d'un programme de prise en charge de la douleur à l'instar d'autres programmes nationaux de lutte contre les maladies graves». Pour le professeur Griène, «l'Algérie figure parmi les rares pays qui n'utilisent pas les morphiniques, ce qui dénote une mauvaise prise en charge de la douleur», dit-il.Pour ce qui est des médicaments anti-douleurs (morphine) vendus seulement dans deux officines pharmaceutiques au niveau d'Alger, l'intervenant a regretté le délai fixé à une semaine pour la vente de ce médicament alors qu'une circulaire du ministère de la Santé «a étendu la distribution de la morphine de 7 jours à 14 et 28 jours», rappellera-t-il, tout en déplorant qu'elle ne soit pas appliquée sur le terrain. Le Pr Griene a aussi recommandé l'ouverture d'une structure pour la prise en charge de la douleur au niveau de chaque centre de lutte contre le cancer et qui sont au nombre de 48, selon le plan du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. A. B.