Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Longtemps galvaudé par les politiques et les citoyens eux-mêmes, le terme de bureaucratie s'est finalement vidé de tous ses sens aux yeux des usagers, principales victimes de ce phénomène dévastateur. A Oran, le mal de cette pathologie administrative s'est enraciné, au fil des années, dans les arcanes des édifices publics et de prestations de services. L'origine de la bureaucratie se situe en amont de la chaîne administrative L'exemple de l'état civil qui a vu l'accomplissement d'efforts colossaux de la part des responsables communaux et du wali d'Oran est assez édifiant de ce mal gangrenant. Le service a été délocalisé, fragmenté et ses services réhabilités et modernisés. Depuis le transfert de ses locaux exigus de l'hôtel de ville vers l'antenne administrative de Mdina Jdida dans l'enceinte de l'Emec sur décision du nouveau wali, les choses n'ont guère évolué dans le bon sens. Malgré le remplacement et la nomination de deux directeurs à la tête de ce service névralgique, la situation est presque toujours la même. Certes, le personnel est beaucoup plus à l'écoute et les citoyens plus enclins à l'organisation, mais nous ne sommes pas encore arrivés à atteindre ce stade de l'ordre total où tout marche comme sur des roulettes.Mais les problèmes se situent, peut-être, en amont de la longue chaîne administrative. En effet, ils sont beaucoup de citoyens à réclamer l'allègement de la constitution des dossiers administratifs requis dans les différents établissements publics. C'est là la source de tous les problèmes. «A l'école, pour faire entrer un enfant, il vous faudra une valise de paperasse. Tout un détour et un circuit à faire pour les obtenir. Alors que les choses pourraient être plus simples, si on le voulait», note une employée du service d'état civil à l'antenne communale de la cité Yaghmorassen.Et si les administrations cessaient de réclamer des dossiers encombrants et lourds, les choses iraient-elles mieux après ? Les trafics et les falsifications augmenteraient-ils ? Comment font les autres pays pour éviter ce fléau social et administratif préjudiciable ? Autant de questions auxquelles les responsables des collectivités au niveau central et les législateurs devront répondre, afin d'accompagner les efforts de modernisation de la société et de l'administration. Différences disproportionnées dans la constitution des dossiers Nombre de citoyens s'interrogent également sur l'opportunité de la constitution de dossiers différents pour une même et seule démarche. Si on prend l'exemple des banques et des assurances, chaque banque et chaque boîte d'assurance réclament à leurs usagers des dossiers différents pour un même produit. Pour illustrer cette situation, on choisira, à titre d'exemple, l'ouverture d'un carnet d'épargne dans la BNA et un autre dans le CPA. Dans la première banque, on demande aux usagers des photocopies de la CIN, une photo, une demande manuscrite, la résidence et un dépôt conséquent. Tandis que dans le CPA, seule une photocopie de la CIN et une demande suffisent. Pour la constitution d'un dossier de prêt bancaire, chaque banque à ses propres papiers administratifs a vous demander. A la BDL, on vous demande l'extrait de rôle qui ne figure pas dans les dossiers de demande de prêt de la BNA. La CNAS et la DAS, des administrations dépassées par les événements A la CNAS, une mère se bat depuis plusieurs mois pour faire valoir ses droits. Ayant à charge un handicapé mental, elle est persécutée par une employée de l'agence postale de Sidi Chahmi qui lui exige la présence du malade à chaque fin de mois pour lui verser la mensualité. Disposant de tous les justificatifs nécessaires, elle doit plier à cette exigence ou plutôt caprice de cette employée indélicate. Avant de parvenir à cette situation, la mère en question a fait face à un réseau de trafic bien rodé au sein des APC. Ayant changé de résidence, elle se devait donc de changer de lieu d'encaissement de son allocation. Seulement, voyant qu'elle ignorait complètement la réglementation, l'employée de la DAS de l'antenne administrative de Petit Lac lui a recommandé de radier son enfant des listes de la commune pour pouvoir l'inscrire à Sidi Chahmi. Ce qui fut chose faite. L'indélicate employée savait parfaitement qu'il fallait avant de radier le nom du malade, soit effectuer un transfert de postes ou attendre de nouveaux postes. La galère de la mère a été on ne peut plus grande. La CNAS et la DAS restent parmi les administrations les plus vulnérables et les plus désuètes. Le service des cartes grises et les maux administratifs Les écarts flagrants et les différences de taille observées dans les services des cartes grises dans la wilaya d'Oran sont importants. Certains services règlent dans des délais acceptables les problèmes et les cas divers de leurs usagers, alors que d'autres laissent traîner les choses, de manière disproportionnée. Le cas de Zoheir, un Algérois qui a acheté une voiture d'Oran et qui attend depuis plus de trois mois que les gars d'Oran envoient la feuille de confirmation à la wilaya, explique les dysfonctionnements graves de l'administration oranaise. Des suggestions et des pistes pour une amélioration Dans le cas des écoles génératrices de grosses demandes sur la paperasse, il serait plus judicieux d'organiser une période de grandes consultations médicales, au niveau soit des écoles ou des unités de dépistage scolaires, UDS. Celles-ci, n'ayant pas un grand plan de charge, devraient s'acquitter convenablement de ces opérations de moindre envergure. Pour ce qui est des papiers administratifs exigés pour les enfants scolarisés, il faudra cesser ces procédures insensées. Pour le préscolaire, il est recommandé de recruter ou de désigner un agent de liaison qui soit de préférence de la commune pour relier l'école au service de l'état civil. Il sera chargé du suivi, des vérifications des dossiers et de l'état civil des enfants scolarisés ou en voie de l'être. Cela éviterait, d'une part, une saturation des espaces administratifs de l'état civil et, de l'autre, de créer de nouveaux emplois pour les jeunes et les personnes qualifiées, en plus de permettre aux parents d'élèves de se décharger moralement de cette «sale» besogne. Quant aux services des cartes grises, un comité intersectoriel composé d'experts, d'agents de sécurité et autres fonctionnaires se chargera d'effectuer des liaisons quotidiennes entre les wilayas, afin de régler les milliers de dossiers en suspens. L'aspect psychologique des usagers et des citoyens de manière générale, que devra procurer un tel règlement des problèmes et allégement des dossiers administratifs, est à évaluer en termes de milliards de dollars à générer.