Photo : Riad De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Rien ne va plus au complexe sidérurgique d'El Hadjar et la situation va s'aggravant ; les négociations autour des augmentations de salaires entre l'employeur et le syndicat d'entreprise ayant échoué.Hier, vers 13 heures, l'usine était complètement paralysée, plus de bruit, plus de mouvement,plus d'activité .C'est le désert dans un complexe qui s'étale sur plusieurs hectares où sont implantées des dizaines d'ateliers, d'installations et d'unités. Un complexe où travaillent normalement 5 200 ouvriers affectés à la production, au soutien, à la maintenance, à l'entretien ou dans les différents services administratifs. Le mot d'ordre de grève lancé par le syndicat a été massivement suivi pour toucher dans un premier temps, vers 5 heures du matin, certains services pour ensuite s'étendre à tout le complexe en début d'après-midi. Ainsi, tous les laminoirs, (LAC, LRB, LFR, RPA) étaient hier à l'arrêt, les services Finances, Commercialisation, et Approvisionnements, la Direction des Ressources humaines ainsi que les employés de l'administration ont suivi le mouvement de grève.Devant le complexe, des dizaines de camions attendaient qu'on veuille bien leur autoriser l'accès afin de procéder au chargement des commandes. Des clients s'impatientent. Les gardiens essayent de les calmer en leur expliquant la situation qui prévaut. A l'intérieur, les ouvriers qui avaient assisté à l'assemblée générale tenue devant le siège du syndicat vers 10h30 ont soutenu la grève et ont exprimé leur volonté d'aller jusqu'au bout pour que leurs revendications soient entièrement satisfaites. «La direction vous a proposé des taux d'augmentation humiliants, nous avons rejeté ces propositions mais nous n'avons pas fermé la porte du dialogue. La grève se poursuivra jusqu'à ce que vous aurez décidé du contraire», a martelé, hier, le secrétaire général du syndicat d'entreprise, Smain Kouadria. En début d'après-midi, la direction a appelé à un nouveau round de négociations et le syndicat y a répondu en participant à la réunion. Selon des indiscrétions, au premier round des négociations, c'était encore l'impasse, les nouvelles propositions formulées par la direction ayant été rejetées par les représentants des travailleurs. Selon un syndicaliste, celles-ci étaient «toujours en deçà des attentes des travailleurs et donc la grève sera maintenue jusqu'à ce que l'employeur atteigne le seuil que nous avons fixé». Sur ledit seuil, M. Kouadria ne dit mot, il se contentera de nous indiquer que le syndicat et les travailleurs savent le niveau des salaires qu'ils veulent atteindre parce qu'actuellement le travailleur du complexe est sous-payé par rapport aux autres qui ont eu des augmentations salariales conséquentes. «Nous étions parmi les quatre ou cinq entreprises où le personnel est le mieux payé, aujourd'hui, nous sommes parmi les derniers et donc ces salaires, il faut les augmenter et de manière substantielle pour une fiabilité sociale durable si l'on veut que ce complexe continue à produire», conclut-il.Mais au cours d'une seconde séance de négociations, la direction du complexe est revenue avec de nouvelles propositions jugées intéressantes par les représentants des travailleurs. Toutefois, ces derniers ont préféré en référer aux sections des unités avant de d'engager le conseil syndical. Lesdites propositions ont trait à une augmentation de l'ordre de 18% pour 2011/2012 répartis sur toute l'année selon des objectifs de production à atteindre. Ainsi, 10% sont accordés pour le mois de juin dont 5% avec effet rétroactif à partir du mois de janvier, le reste sera soumis à des seuils de production, 4% pour 590 000 tonnes, 3% pour 560 000 tonnes et 2% pour 500 000 tonnes. Le conseil syndical était hier vers 16 heures, en réunion pour débattre de la question et décider de la conduite à tenir avant de revenir à la table des négociations pour un nouveau round prévu à 17 heures.