Photo : M. Hacène Par Karima Mokrani La fin de non recevoir adressée par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, dimanche dernier, aux médecins résidents, en ce qui concerne leur demande d'abrogation du service civil, ne dissuade pas ces derniers de poursuivre leur mouvement de protestation. Bien au contraire, «aujourd'hui, plus que jamais, nous sommes décidés à aller au bout de notre action. Nous continuons notre grève illimitée et maintenons notre appel à un sit-in national au CHU Mustapha», a affirmé hier Dr Tewfik Yelles, un des portes-paroles du Comité autonome des médecins résidents algériens (Camra). Selon ce dernier, les résidents sont «scandalisés». Ils regrettent le fait que «désormais, c'est tout le gouvernement qui est contre nous» et même, craignent-ils, les populations des wilayas concernés par ce dispositif. Lors de son intervention, dimanche dernier, à la fin des travaux de la tripartite, Ahmed Ouyahia a clairement dit qu'il n'est pas question d'abroger l'obligation du service civil: «50% des médecins spécialistes à Aïn Temouchent, Constantine, Médéa et Djelfa sont des médecins du service civil. Quand on me dit non au service civil, je dis aux jeunes algériens qui sont en formation de résidanat, vous n'êtes pas en train de dire non au gouvernement mais au peuple qui vous donne un enseignement gratuit».A la question des résidents portant sur le fait qu'ils soient les seuls à être astreints à cette mesure, Ahmed Ouyahia dira: «Le médecin doit être à la tête du malade. Voilà la raison pour laquelle ce service est indispensable. Nous avons tous une petite dette à payer à ce pays».Une réponse franche mais aussi dure. C'est tout le combat des résidents qui est mis en cause: «Par ces propos, le Premier ministre veut déstabiliser notre mouvement. Il veut diaboliser les médecins résidents» accuse Dr Yelles. Et ce dernier d'évoquer d'autres propos du représentant du gouvernement: «Il prétend que l'Etat a mis tous les moyens pour améliorer les prestations dans les hôpitaux. Il parle d'infrastructures, de plateau technique… allez-y vous-mêmes vérifier cela. Soyez sûr que si ces moyens sont réellement mis en place, avec une rémunération intéressante, ce sont les résidents eux-mêmes qui demanderont à aller dans le sud, peut être même s'y installer».La situation se complique et le bras de fer entre, cette fois-ci tout le gouvernement, pas seulement le ministère de la Santé et les résidents, se poursuit. Dernièrement, les délégués du CAMRA ont claqué la porte à la commission des sages, chargée de «réadapter» le dispositif. Les résidents insistent sur le mot «abroger» et rejettent celui de «réadapter». Ils sont d'autant plus méfiants envers cette commission parce que «les travaux étaient d'emblée orientés vers le maintien du service civil. Le principe d'une commission neutre et objective n'a pas été respecté». Le mouvement de grève se poursuit, les deux parties campent sur leur position et le malade en pâtit. Comme toujours. Déjà que le système de santé en Algérie est défaillant! Pour rappel, près de 10 000 médecins sont en cours de formation actuellement. Un grand nombre d'entre eux ne cessent d'évoquer la menace d'une démission collective.