Photo : Riad Par Karima Mokrani L'appel du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) à une grève nationale illimitée, à partir d'hier, suite à des sit-in et des marches qui ont eu peu d'effet sur la tutelle, a eu un écho favorable auprès des concernés. Dans tous les services où exercent les résidents, la paralysie était totale. Pas un seul ne s'est opposé au mot d'ordre de grève ni n'a exprimé la moindre réticence. La raison en est que les revendications soulevées sont les mêmes partout et décisives pour l'avenir du résident et de la profession. Déterminés ainsi à aller au bout de leur action jusqu'à la satisfaction de toutes leurs revendications, agissant dans l'ordre et la concertation, les 8 000 résidents en médecine, en chirurgie dentaire et en pharmacie poursuivent la lutte avec confiance, convaincus que le ministère de tutelle finira par agir pour mettre fin à cette situation de blocage. C'est ce qui s'est passé, hier, aux premières heures de l'action protestataire qui a pris la forme d'un piquet de grève dans tous les CHU, EHS et EPH d'Alger et dix autres wilayas du pays où sont ouvertes des facultés de médecine (Tizi Ouzou, Blida, Oran, Annaba, Sidi Bel Abbès, Tlemcen, Annaba, Batna…). Une lettre a été adressée à des directeurs d'hôpitaux leur demandant de communiquer les noms des délégués des résidents devant les représenter à une réunion au siège du ministère de tutelle. C'est clair, la lettre a été envoyée par les services du ministère pour un débat autour des revendications exprimées par les protestataires. «J'étais chez le vice-directeur de l'EHS CPMC. Il m'a dit que le ministère a demandé de lui communiquer le nom du délégué des résidents qui va les représenter aux travaux d'une commission mixte sur la prise en charge de nos doléances. Les travaux de cette commission commenceront demain [aujourd'hui]», rapporte le Dr Sidi Ali Merouane, représentant des résidents du CPMC. C'est une invitation officielle, souligne-t-il. «C'est une invitation officielle et nous nous rendrons à la réunion», assurera-t-il. Quel sera le nombre de résidents qui se présenteront à cette rencontre ? «Ce n'est pas clair. Nous ne savons pas si ce sont tous les directeurs des hôpitaux qui ont reçu cette invitation», affirme notre interlocuteur. Et un de ses camarades d'insister sur un point qu'il juge fondamental : «Au niveau d'Alger, nous avons cinq représentants officiels du Collectif et ce sont eux qui vont se rendre à la réunion. C'est nous qui les avons choisis… L'administration n'a pas la prérogative de désigner elle-même nos délégués.» Ce résident soupçonne les services du ministère de vouloir «shunter» le mouvement. «Nous avons entendu dire que le ministre avait chargé des directeurs d'hôpitaux de choisir eux-mêmes les délégués. Nous n'accepterons jamais cela. Il veut shunter notre mouvement… Le ministre doit savoir que notre collectif est soudé.» Une réunion doit donc avoir lieu aujourd'hui au siège du ministère. Les résidents affirment qu'ils s'y rendront sans toutefois s'attendre à grand-chose. «Nous ne sommes pas très optimistes. La prise en charge de nos doléances ne relève pas seulement du ministère de la Santé. D'autant que le ministre, Djamel Ould Abbès, a affirmé dernièrement qu'il n'interviendrait que sur deux points (prime de risque et prime de garde)», indique une résidente du CHU Mustapha. Un de ses camarades précise que la présence de représentants du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique est indispensable à cette réunion. Ces derniers ne seront pas de la partie, regrette-t-il.