Photo : Sahel Par Smaïl Boughazi Les français veulent tourner la page, s'orienter vers le futur et reconquérir «le terrain perdu» ces dernières années en Algérie. Il s'agit du message principal lancé par les responsables français, hier, à l'ouverture, à Alger, d'un forum économique regroupant des centaines d'entreprises algériennes et françaises. Le secrétaire d'Etat français au Commerce Pierre Lellouche qui était le premier à prendre la parole n'a pas tourné sa langue. «Ceux qui regardent dans le rétroviseur se trompent de direction» dira-t-il non sans préciser qu'«une nouvelle page est en train de s'ouvrir». Lellouche fait allusion au passif historique des deux pays qui pèse lourdement sur les relations bilatérales et à tous les niveaux. Dans son allocution, le secrétaire d'Etat français a tenté de transmettre plusieurs messages clés et des «enseignements». Il reconnait ainsi que «la donne a radicalement changé» et «le mythe de la chasse gardée, du marché captif ou du marché facile (est) fini». «La concurrence n'est plus seulement allemande, américaine ou italienne. Elle est aussi chinoise, coréenne, turque. Elle est efficace et sans complexes», lance-t-il à l'adresse des 160 patrons français venus assister au Forum. Lelouche affirme aussi et sans ambages que «l'Algérie a un destin et une responsabilité de puissance régionale» et elle «est au cœur de l'échiquier». Tous ces éléments clés font dire au Secrétaire d'Etat Français qu'«on ne peut plus parler de commerce et de développement sans parler aussi géopolitique, et vice versa». «Le gagnant-gagnant, ce n'est pasjuste un slogan ou une mode» résume-t-il. Et là c'est l'ancien Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin qui prend le relais, pour parler économie. Raffarin plaide ainsi pour un partenariat économique qui aura des effets sur les populations. «Nous sommes déterminés à ce que nos populations trouvent, chez elles, des emplois et c'est pour cela que nous sommes déterminés à relancer la dynamique d'investissement et de partenariat» entre l'Algérie et la France, a-t-il dit non sans mettre l'accent sur la «stratégie partagée entre l'Algérie et la France» dont le principal «combat» est l'emploi. Raffarin dira même plus, en soulignant que «sur le plan géopolitique, nous savons que l'Europe a besoin de l'Afrique et l'Afrique a besoin de l'Europe». «Une vision que partagent les autorités des deux pays», assure-t-il. L'envoyé spécial du président français ne manquera pas de réitérer la volonté de la France «d'investir et de construire (en Algérie) notamment dans la création de filières industrielles dans la pétrochimie, la cimenterie, et la pharmacie et l'automobile». Le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, M. Mohamed Benmeradi qui a également prononcé une allocution annonçant l'ouverture du Forum a préféré évoquer le bilan du «Comité de suivi pour le développement des partenariats et des projets d'investissements algéro-français» qu'il considère positif, après plusieurs mois de négociations. La forte participation des PME des deux pays à la rencontre est perçue aussi par le ministre comme «un signal positif» quant aux perspectives de partenariat entre les deux pays. Benmeradi, estime, dans ce sens, que la méthode d'accompagnement mise en place par l'Algérie et la France en septembre 2010 a été «payante» et a permis l'aboutissement de quelques projets de partenariat. Il a néanmoins précisé que «l'Algérie voudrait voir ces partenariats avoir un effet d'entraînement sur son économie». Le Forum qui sera clôturé aujourd'hui a regroupé plus de 500 entreprises des deux pays. Cette rencontre devrait déboucher sur une relance de la coopération économique et un meilleur climat des affaires. Au moins, deux accords de partenariat dans les domaines de l'industrie du verre et des assurances seront signés à l'occasion de cette manifestation. Outre 4000 rendez vous professionnels individuels programmés entre les PME des deux pays, plusieurs ateliers thématiques se dérouleront durant les deux jour du Forum premier du genre entre les deux pays.