La France veut tourner une page de son histoire avec l'Algérie. Les opérateurs français font un forcing pour tisser de nouvelles relations de partenariat avec leurs homologues algériens. Ils veulent reconquérir coûte que coûte leur part de marché qu'ils ont perdue en raison de la rude concurrence des pays émergents. «L'amitié c'est bien, le dire par les preuves c'est mieux. Vous êtes la preuve de l'amitié algéro-française.» Ces mots ont été adressés par Jean-Pierre Raffarin, vice-président du Sénat français aux opérateurs économiques des deux pays à l'ouverture du forum de partenariat algéro-français, tenu hier à Alger. Il a plaidé pour le développement du partenariat à «ambition sociale» à travers la création d'emplois «car le développement doit répondre d'abord aux aspirations sociales des populations», a-t-il indiqué. Il a exhorté les partenaires à créer des filiales économiques dans les domaines dont a besoin l'Algérie avec intégration des PME. C'est la forme de partenariat à long terme qui est demandée à travers le renforcement des relations bilatérales. Les nouvelles règles d'investissement décidées par l'Algérie n'ont pas empêché les Français de voir «des lignes bouger et un nouveau climat propice à l'investissement». Raffarin s'est engagé à assurer un suivi aux dossiers qui seront traités lors de cette rencontre. Il fait le constat sur l'évolution de l'économie mondiale marquée par une concurrence des continents et l'émergence de nouveaux pays. «L'adresse mondiale de la France c'est le nord de l'Afrique et la ligne directrice est l'Algérie car pas d'avenir pour la France sans l'Afrique et pas d'avenir pour l'Afrique sans l'Algérie», a-t-il souligné. Pour Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat auprès de la ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, chargé du Commerce extérieur, «les opérateurs français ont besoin de visibilité, de transparence et des règles juridiques claires pour qu'ils investissent en Algérie». Il a reconnu que le marché algérien n'est plus «la chasse gardée des Français», après l'intervention de la Chine, de la Corée et des Etats-Unis. La France n'a aujourd'hui que 15% de parts dans ce marché alors qu'elle avait eu 25% dans un passé récent. Les relations bilatérales doivent être basées sur le respect mutuel. Pour lui, «l'Algérie a tous les atouts pour développer le plus grand marché d'Afrique du Nord : une population jeune, des ressources naturelles et un programme quinquennal de développement de près de 285 milliards de dinars. C'est un choix de l'avenir», a indiqué M. Lellouche, lors de son intervention. Pour lui, la présence d'une forte délégation composée de 1700 représentants de 700 entreprises françaises et algériennes «témoigne du niveau des relations et de l'enthousiasme visant à développer l'avenir entre les deux pays malgré ce qui a été dit ici et là», a-t-il indiqué. Il traduira la force des relations bilatérales en chiffres en soulignant qu'avec un volume de 5,2 milliards d'importation, l'Algérie est le premier client de la France et son premier fournisseur de gaz. La France doit, selon lui, développer ses relations avec comme première priorité accordée au développement de l'emploi pour cette population qui connaît une croissance de 2,5%. Les entreprises présentes en Algérie ont participé à la création de 100 000 emplois directs et indirects, un chiffre qui s'est développé durant ces dernières quatre années «ce qui démontre une stabilité».