De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Désormais l'Association pour la protection et la défense des consommateurs de la wilaya a toute latitude pour procéder à des prélèvements sur des produits douteux. Une inspection qui facilitera l'accélération du contrôle et évitera d'éventuelles déconvenues au citoyen. Des ponctions seront déposées au niveau du Centre algérien de la qualité (CAC) ou dans les laboratoires privés après avoir délivré aux commerçants concernés un reçu validant l'opération. S'ensuivra l'étape des résultats des analyses qui seront transmis à la direction du commerce, laquelle prendra les mesures spécifiques à la nature du constat par les laborantins. C'est une mesure qui vient à point nommé, juge Mme Tellil Sakina, présidente de cette association -créée le 8 décembre 1996- et que le bureau avait plébiscitée au début de cette année pour un autre exercice de 4 ans. Les consommateurs constantinois sont protégés actuellement par une seule action associative du genre. Les cinq groupements qui existaient n'avaient pas renouvelé leurs bureaux. Ainsi, ils se sont dilués sans faire trop de bruit, et ont laissé un vide dans cette wilaya (douze communes) alors que la prolifération des commerces nécessite une surveillance quasi permanente de la qualité des produits de jour comme de nuit. Ce n'est pas tout à fait l'avis de notre interlocutrice qui indique que «le problème qui se pose n'est pas vraiment lié au nombre d'associations», au contraire, «du temps où l'ensemble activait beaucoup de problèmes ont été soulevés.» Décodé, le message en dit long sur les capacités des uns et des autres dans ce domaine aussi sensible et qui requiert engagement et aptitudes. Ces deux critères ont d'ailleurs conféré à Mme Tellil le statut de présidente depuis plus d'une décennie. Universitaire diplômée en contrôle de la qualité, outre son expérience acquise dans les laboratoires de l'Onalait et d'Erriad, l'actuelle présidente de cette association de défense des consommateurs à Constantine lance un appel pour la création de petites associations de quartier pour mieux envelopper le contrôle des «étals des marchés» et alerter les services compétents en cas de présence de fabriques clandestines. Un message qui prendra en quelque sorte le relais de celui qui a été émis récemment par le premier magistrat du pays qui, faut-il le rappeler, avait sollicité la société civile de s'impliquer en recourant à des groupes pour défendre leur droit de consommateurs dans trois aspects : hygiène, qualité et prix. Constantine n'est pas encore arrivée à ce stade en dépit des actions émanant de la direction du commerce, dont la dernière remonte à juillet dernier avec la programmation de la caravane de sensibilisation qui avait sillonné toutes les communes. La leçon ne semble pas avoir été retenue sur les dangers qu'encourt toute personne consommant des produits infectés. Le cas édifiant est la saisie, à Souika, d'une quarantaine de carcasses de viande sans estampille à la veille du Ramadhan. Toutefois, la présidente déplore l'existence du marché de la cité qui constitue un danger permanant pour les consommateurs de poulet. «C'est aberrant lorsqu'on constate des personnes instruites venir acheter du poulet dans de petits espaces en plein air transformés en abattoir clandestin sans aucune hygiène !» s'étonne la présidente en ajoutant que son association œuvre en étroite collaboration avec toutes les structures relevant du domaine de la consommation (agriculture, santé, commerce…), la Sûreté nationale étant sa grande alliée sur le terrain. Aussioccupe-elle une place importante auprès des tribunaux puisqu'elle se constitue partie civile. Il faut savoir que ladite association est pluridisciplinaire regroupant des «militants bénévoles». Un cadre de l'Union générale des commerçants algériens (UGCA), des universitaires, un inspecteur vétérinaire aux côtés de lycéens et universitaires, en constituent le bureau. Ce dernier bénéficie de l'intérêt particulier de la direction du commerce. Il est souvent invité pour des cycles de sensibilisation et d'information. Mme Tellil a placé les abattoirs clandestins et les friperies au nombre de ses priorités, car ils doivent posséder un certificat délivré préalablement par la Direction de la santé et de la population (DSP), ce qui n'est malheureusement pas le cas. Par ailleurs, notre interlocutrice révélera que la saison 2008-2009 sera consacrée à l'inspection des restaurants universitaires et des cantines scolaires, en faisant participer leurs directeurs à des réunions de sensibilisation. En matière de subvention, malgré les sollicitations du ministère du Commerce pour la doter d'un budget de roulement, celle-ci décline l'offre et continue à œuvrer sur le terrain bénévolement. Mieux, elle ne détient pas de siège. L'UGCA lui en avait proposé, mais elle reste dans l'expectative malgré la bonne volonté de son président. «C'est assurément le fait d'être victime d'une intoxication qui m'a poussée à créer cette association et travailler en son sein», conclut la femme «anti-intox».