De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi «Nous sommes à la recherche d'un consensus solide qui répond le mieux aux réformes engagées par l'Etat. Tout éditeur devra s'astreindre à la convention collective des journalistes.» Tel est en substance le balisage fait par le ministre de la communication, Nacer Mehal, venu hier à Constantine prendre les avis et les préoccupations des éditeurs de journaux et des journalistes. Avant d'ouvrir le débat, M. Mehal dira que «le paysage médiatique est clochardisé et miné». Il n'a pas usé de la longue de bois et a endossé à l'Etat cette situation de laxisme qui aura permis l'émergence de «véritables trabendistes de la presse». «Il est grand temps de rétablir les droits moraux et sociaux des journalistes», devait-il insister. «Le journaliste doit recouvrer sa dignité», affirmera le ministre avant d'inviter la corporation à balayer devant sa porte pour asseoir une représentativité qualitative apte à défendre ses droits d'exercice au plus haut niveau. Ainsi, seule l'élaboration d'une convention collective sera le garant pour faire aboutir aux journalistes leurs doléances. Abordant les points juridiques inhérents à la profession, M. Mehal dira que «la dépénalisation permet au journaliste d'exercer convenablement sa profession» mais cela, insistera-t-il ironiquement, «ne voudrait pas dire lui ouvrir la voie pour faire ce que bon lui semble». Néanmoins, avec l'amélioration des services de la communication dans les différentes institutions étatiques, le journaliste pourra accéder sans peine à l'information. C'est pour dire que les passerelles communicationnelles des organismes étatiques ont besoin de mise à niveau pour créer une synergie avec le monde de la presse et ce, dans le but d'offrir aux lectorats un menu «moins toxique», comme l'a qualifié le responsable, et le tout sera synonyme de crédibilité.Evoquant la grille des salaires dans le secteur public, M. Mehal indiquera qu'une commission est sur le point de la finaliser. Le modèle, selon lui, devrait être relayé par le secteur privé. Mais M. Mehal expliquera que le ministère n'a pas d'influence sur les éditeurs privés quant à une éventuelle révision à la hausse des salaires. Le ministre avouera tout de même que «seuls certains organes de presse relevant du privé honorent leurs engagements envers leurs journalistes».Sur un autre chapitre, M. Mehal mettra l'accent sur la formation que l'Etat a clairement soutenu le 3 mai dernier à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse. En la matière, soulignera le responsable, l'université algérienne est appelée à collaborer pour assurer des recyclages et des formations aux journalistes. Sur les plans technique et managérial, qui touche beaucoup plus les éditeurs de presse, le ministre songe à créer une société mixte de diffusion qui associera les secteurs public et privé en premier lieu. Cette démarche interpellera également les collectivités locales et le ministère du Travail. «L'idée en gestation pourrait se concrétiser dans un avenir proche», laissera-t-il entendre en indiquant que «de nouvelles règles sur la publicité s'imposent». M. Mehal a aussi eu une idée sur les conditions d'exercice «méprisables» des correspondants de presse, notamment ceux travaillant dans des quotidiens régionaux où le Smig n'est pas garanti. Le conseil d'éthique et de déontologie qui serait en cours de «confection» devrait se pencher sur la situation et les problèmes de la presse algérienne.