Photo : Riad Par Karima Mokrani Les rumeurs persistent sur les fuites des sujets de l'examen du baccalauréat session 2011. Des candidats, de plus en plus nombreux, auraient pris connaissance de certaines questions, plusieurs heures avant d'arriver en classe. En fait, il ne s'agit pas tout à fait des questions mais des thèmes abordés dans le sujet. Des informations transmises par SMS…mais qui n'étaient pas toutes fondées. Cela a déstabilisé fortement les candidats qui, au lieu de se consacrer aux révisions, passaient leur temps à courir derrière la moindre «fuite». Certains ne voulaient pas tendre l'oreille à la «rumeur» tellement cela paraissait invraisemblable…mais ils l'ont regretté. «On m'avait dit que ça va porter sur ces deux thèmes mais je n'ai pas pris la chose au sérieux. Finalement, cela s'est avéré vrai» affirme un candidat du lycée des Frères Hamia, dans la commune de Kouba à Alger. Un autre dément: «ce n'est pas vrai. Ce ne peut pas être vrai…Moi, personnellement, on m'a induit en erreur. On m'a dit que c'est telle leçon qui va tomber, je me suis retrouvée avec une autre que je n'ai même pas révisé». Des candidats accordent du crédit à la «rumeur» parce qu'elle s'est avérée juste, d'autres rejettent carrément l'idée, jugeant que c'est fait pour déstabiliser les candidats. Une candidate témoigne: «Pour l'arabe, par exemple, j'ai reçu un message comme quoi le sujet va porter sur l'auteur Ilia Abou Madhi. C'était faux. Le sujet de l'examen parlait de Moufdi Zakaria…». Les jeunes candidats restent toutefois perplexes pour l'épreuve de «Charia». Le sujet de l'examen a porté sur des thèmes cités dans les SMS. «C'était exactement les thèmes dont on nous a parlé…C'est bizarre» racontent d'autres candidats. En plus, cette épreuve est la même pour toutes les filières. «C'est une matière commune pour toutes les filières…C'est fait exprès pour remettre en cause toute la crédibilité du baccalauréat de cette année» s'est indigné un père d'élève, hier, à Alger. Un flou total entoure cette histoire de fuites que les services du ministère de l'Education nationale continuent de démentir. Et pourtant, les candidats en parlent dans tous les centres d'examen et dans plusieurs wilayas du pays. Autre phénomène révoltant pour de nombreux citoyens, la vente au marché noir de «faux sujets» d'examen du baccalauréat. Des candidats les ont achetés à des prix variant entre 1000 DA et 6000 DA. Qui en est à l'origine? «Ce ne peut être que des enseignants qui maîtrisent la matière…Un simple citoyen ne peut pas élaborer un sujet d'examen» soutiennent des parents d'élèves. Ils pensent que ce sont des travailleurs du secteur lui-même qui cherchent à porter atteinte à cet examen final. D'autres parlent d'un commerce dont le produit n'est rien d'autre que le sujet de l'examen et l'acheteur le candidat qui cherche à tout prix à avoir son bac. «Ce sont des trabendistes. Ils ne reculent devant rien pour s'enrichir sur le dos des innocents» accusent des proches du secteur de l'Education nationale. Et ces derniers de rappeler que «le même phénomène s'est produit l'année dernière mais pas avec une telle envergure». Parents d'élèves, enseignants, syndicats du secteur et simples citoyens exigent une enquête profonde sur ce phénomène et cette histoire de fuite de sujets qui risque de tourner mal pour tous les candidats. «Est-il vrai qu'ils vont nous refaire le bac? Y aura-t-il une deuxième session le mois de septembre prochain?» demandent de nombreux étudiants. D'autre questions s'imposent d'elles-mêmes: Qui est derrière ces soi-disant fuites? Pourquoi toute cette anarchie autour d'un examen aussi crucial que le baccalauréat? K. M. Le ministère de l'Education dément les fuites des sujets du bac Le directeur de l'enseignement des cycles primaire et moyen et le chargé de communication ont formellement démenti les informations rapportées par les médias et certains candidats à l'examen de baccalauréat à propos de fuites des sujets : «Ce ne sont que des rumeurs», ont-ils martelé, estimant que «ceux qui détiennent des preuves sur ces éventuelles fuites n'ont qu'à les révéler». «Au niveau du ministère de l'Education, aucune information de ce genre ne nous est parvenu», a encore confirmé. M. Brahim Abassi. Il a rappelé qu'un dispositif important de surveillance et de sécurité a mis en place cette année. «Notre principe est de préserver la crédibilité du bac, qui constitue un indice de bonne santé du système scolaire», a-t-il encore ajouté.