Photo : M. Hacène De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar Plus d'un million de touristes algériens se rendent annuellement en Tunisie pour un séjour vacancier, selon des statistiques officielles. On y va généralement durant l'été et on opte couramment pour la fraîcheur des stations balnéaires du nord du pays. Quel est le secret de ce rush ? Dans tous les témoignages, on invoque presque les mêmes raisons : le rapport qualité/prix, le bon accueil et le professionnalisme des opérateurs tunisiens. Nos compatriotes, qui ont déjà séjourné dans ce pays voisin, vantent les infrastructures de l'industrie touristique tunisienne et leur diversité. On y trouve, en effet, des offres pour toutes les bourses et à des prix compétitifs. Une simple comparaison : le prix d'un séjour de 15 jours dans un hôtel de classe moyenne est souvent inférieur à celui déboursé pour une seule semaine dans un hôtel similaire à Béjaïa ou Annaba. Voilà l'argument massue qui promeut cette destination. Quand un vacancier rapporte ce type d'information à son entourage, l'on est vite séduit pour tenter à notre tour l'expérience. On le sait, depuis la nuit des temps, la meilleure publicité est le bouche-à-oreille. Le littoral algérien, qui s'étend sur 1 200 kilomètres de plages et de criques, est infiniment plus attractif en matière de paysages et de splendeur naturelle. Mais l'exploitation de ce secteur reste malheureusement en deçà des attentes de l'Algérien moyen. C'est à cette classe moyenne qu'on doit penser dans toute entreprise de ce genre. Faute d'installations suffisantes, les vacanciers se plaignent de la cherté des hôtels et des centres de vacances. L'absence de la concurrence retarde l'amélioration et la diversification des prestations. Même si tous les agents de voyages se mettent, tous d'un coup, à louer les charmes et les merveilles des côtes algériennes, il leur sera difficile de changer grand-chose à cette donne. Le développement de la filière touristique passe inéluctablement par la prise en compte de ce potentiel domestique qui s'en va ailleurs à défaut d'offres raisonnables sur place. Pourpeu que nos opérateurs améliorent quelque peu leurs prestations et consentent à réduire également leur marge bénéficiaire, le million de vacanciers n'ira pas si loin pour quelques jours de détente et de décompression. Cela donnerait aussi des arguments convaincants aux voyagistes et aux tour-operators locaux. Un citoyen de Béjaïa, qui part passer une semaine à Tunis, aimerait certainement découvrir Oran, Aïn Témouchent, El Kala ou Annaba si l'occasion se présentait à lui. Un gars du sud du pays serait aussi ravi de se permettre une bonne quinzaine à Beni Saf, Collo, Tigzirt ou Tichy s'il trouve des offres en adéquation avec son budget. Le grand Sahara aussi a ses attractions et ses mystères. On ne connaît pas assez bien notre propre pays, et l'état actuel du secteur touristique ne nous rapproche pas non plus. En mettant les moyens pour créer l'offre, la demande suivra. C'est alors seulement qu'on pourrait parler, éventuellement, des ratés de la promotion et de la communication. Un agent touristique, quelle que soit sa volonté, ne peut rien changer à la tarification d'un séjour hôtelier ou à la qualité des prestations offertes. Concurrence saine et professionnalisme de tous les instants, voilà, en gros, ce qui manque tant à ce secteur du tourisme en Algérie.