De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Dire que la perfection musicale a conquis le grand public serait un leurre et même un stimulant déroutant envers les membres des quatre groupes constantinois qui ont défilé sur la scène Aziz Djemame. Et ce n'était pas le but de cette journée. Les organisateurs de l'événement annuel veulent surtout inculquer une culture, celle de vouloir chercher la scène partout où elle se trouve en vue de booster et de multiplier les tendances et leurs affluences respectives et distinctives. Juste un zeste «de bal» à coloration rock. Un genre trop prisé par la jeunesse constantinoise, lequel lui a permis de décompresser et de découvrir la sympathie et le côté croustillant du live. Une expérience souhaitée itérative par la plupart des jeunes en manque d'espace d'expression musicale et qui ont sauté sur l'occasion d'avoir une aire à leur disposition dans cette vaste esplanade du palais de la culture Malek Haddad. Le jour de relâche du festival international de jazz Dimajazz a consacré quatre groupes locaux issus de Constantine. Les tendances jazzy ont été mises de côté. Le rock y était à l'affiche. Ce n'était pas la grande performance technique ou même musicale qu'on attendait à travers les prestations proposées. C'est plutôt un premier essai destiné à offrir le baptême du feu de la scène à des formations de jeunes. Pour un début dans une ville trop répulsive quand il s'agit de sortir des sentiers battus, il importe de souligner que la jeunesse n'a pas hésité à afficher clairement ce dont elle a besoin. «Nous cherchons des musiques qui nous intéressent, jazz, blues, rock… L'essentiel est que les mélomanes trouvent la partition qu'ils désirent entendre jouer», soutient un présent. La scène baptisée Azziz Djemame en hommage au membre fondateur du festival a connu un public nombreux dont des étudiants, lycéens, collégiens et quelques «adultes», venus assister à la première de cette innovation, question d'encourager les troupes locales. «C'est une bonne opportunité pour ces groupes qui trouveront peut-être à l'avenir leur place dans la section On du festival. C'est une façon d'injecter un grain de rivalité apte à les exhorter à travailler davantage», explique le commissaire du festival. A vrai dire les organisateurs n'ont pas cherché autant la qualité des prestations que l'impact de cette scène free. Et le pari semble gagné dans la mesure où la jeunesse locale a adhéré à cette initiative. Les groupes se sont déchaînés en s'adonnant aux jeux «rock» teintés de blues particulièrement. Les formations Smoke, Illusion et Tey ont eu chacune leur quota de fans. La première formation, KOG, quant à elle, a donné l'air d'un groupe novice en quête de repères musicaux pour imposer son propre style. Une participation et beaucoup de travail l'attendent, si elle veut se faire une bonne place sur la scène nationale d'abord où la concurrence devient rude avec la prolifération de multiples artistes et groupes. Selon quelques étudiants musiciens présents, c'est en quelque sorte une compétition «de quartier» qui aura caractérisé la section Off. Un bon terreau pour faire germer la graine de la concurrence et de la rivalité et ainsi briguer le plus grand nombre de public. «Moi, je suis venu voir Smoke. Ils sont sympas et se prennent à leur jute valeur», dira un jeune artiste adepte de l'acoustique. De fait, une fois Smoke sur scène, les sons rock des guitares et des percussions retentissent sympathiquement. Cools, décontractés et jouant sans être crispés, les instrumentistes ont su enflammer la scène. Les chœurs formés de deux filles, dont Djihane qui interprétera par la suite un standard d'Aretha Franklin, ont ajouté une touche originale à la bande aux affluences blues-rock. Le chanteur Walid, bien que sa voix ait encore besoin d'être travaillée, a su à sa manière animer la scène et conquérir la plupart des jeunes de son âge. On retiendra aussi la bonne maîtrise instrumentale du batteur, un «produit» de Dimajazz, puisqu'il a suivi une formation en Belgique dans le cadre des formations organisées par le festival. Le groupe Tey Rock aura, pour sa part, attiré ses fans. La dernière prestation sera l'œuvre du groupe «vedette» Illusion, qui s'était déjà produit l'année dernière à l'occasion de la 8e édition du festival. Sur la scène Aziz Djemame, il a donné l'opportunité à deux élèves du conservatoire de jouer dans une chanson. C'était une fête musicale à coloration beaucoup plus amicale. Chaque groupe a attiré ses fidèles et son proche entourage, et la rivalité se faisait sentir en notes sur la scène. Hier, la section On devait reprendre son droit avec Boney Fields and the Bone's Project, une formation blues-funk des Etats-Unis.