L'Algérie a commémoré hier le cinquantième anniversaire de la création de son premier gouvernement, le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). Il y a donc un demi-siècle, les responsables de la révolution algérienne, réunis autour du CNRA (Conseil national de la révolution algérienne), l'instance délibérante mise en place par le Congrès de la Soummam, décident de créer leur propre gouvernement, en exil, présidé par un vieux routier de la lutte du peuple algérien pour son indépendance, Ferhat Abbas. Cette date ne peut pas passer inaperçue pour Abdelhamid Mehri, alors jeune ministre des Affaires nord-africaines, qui a multiplié les interventions pour rappeler aux nouvelles générations la portée de cette décision historique, mais aussi les circonstances ayant présidé à la création du GPRA. «La proclamation du GPRA a été faite dans un contexte très important. D'abord, c'était la 4e année depuis le déclenchement de la révolution. La guerre faisait rage et faisait son lot de victimes du côté algérien. Du côté français, on assiste à des évènements très importants avec le retour au pouvoir du général de Gaulle», a rapporté l'ancien ministre dans un entretien à l'APS, jeudi dernier. M. Mehri ajoute que, «sur le plan interne, les effets de la guerre se font sentir sur le peuple. La nouvelle stratégie militaire française avait eu des effets très profonds sur le peuple algérien qui souffrait terriblement sur tous les plans. On avait assisté à une intensification de l'action armée et au début de l'action armée en France même». Les conditions de la création du GPRA ayant été réunies, non sans accrocs puisqu'il y avait eu des tiraillements entre certains membres du FLN, il fallait penser à son poids sur le plan international. Le premier pays à avoir reconnu le gouvernement algérien était l'Egypte, qui abritait son siège, avant que les responsables algériens ne décident de se déplacer à Tunis. Mais ce n'était pas vraiment suffisant. Le gouvernement reçoit deux reconnaissances de taille : l'Union soviétique et la République populaire de Chine, deux pays membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies. «La bataille de la reconnaissance a été dure et a finalement abouti, puisque parmi les nombreux pays qui ont reconnu le GPRA, il y a avait la Chine et l'Union soviétique, deux membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU. C'était là, une grande victoire pour la cause algérienne. La proclamation a été réussie. Au niveau interne, la réaction a été chaleureuse au sein du peuple algérien», se rappelle Mehri qui précise que, évidemment, cette reconnaissance était mal vue par les autorités coloniales. Malgré la répression coloniale, la création du Gouvernement provisoire de la révolution algérienne était une réussite. Le GPRA, qui comptait 20 ministres au départ, a poursuivi la direction de la guerre jusqu'à l'indépendance. D'abord présidé par Ferhat Abbas jusqu'à 1960, deux autres gouvernements, présidés par Benyoucef Benkhedda, ont succédé au premier. Les cinq dirigeants emprisonnés en France (Aït Ahmed, Ben Bella, Bitat, Boudiaf et Khider) avaient le statut de ministres d'Etat. C'était sous le sceau du GPRA que Krim Belkacem avait signé, le 19 mars 1962, les accords d'Evian qui avaient mis fin à la guerre d'indépendance. A. B.