Photo : Riad Par Amar Rafa Le prochain mois de Ramadhan sans la sempiternelle flambée des prix de large consommation ? Les Algériens croisent les doigts et espèrent que ce rêve deviendra réalité. Deux bonnes raisons viennent rasséréner les esprits des ménages. Hormis le fait que ce mois-ci soit celui de la haute saison de la production des fruits et légumes, les autorités rassurent que les contrôles seront renforcés. Le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, a tenu en effet à rassurer que ses services engageront une lutte contre la spéculation, responsable de la flambée des prix, par des contrôles renforcés et des inspections des lieux de transactions, les marchés de gros, les lieux de stockage, et par le suivi de l'application des prix notamment réglementés. «Bien sûr qu'il y a des prix réglementés, que nous veillerons à ce qu'ils soient respectés, et d'autres non réglementés, notamment les fruits et légumes, pour lesquels nous allons, avec le ministère de l'Agriculture, renforcer le dispositif de contrôle», a affirmé le ministre, ajoutant : «Nous sommes déterminés à renforcer l'action de contrôle sur le terrain.» Il a révélé, dans ce cadre, qu'il y a 1 000 nouveaux inspecteurs qui ont rejoint le secteur, et ses services sont en train de préparer le recrutement de 2 000 autres. «Les moyens arrivent, nous sommes confiants quant à l'amélioration de l'outil de contrôle», a ajouté M. Benbada. En affirmant que «le mois de Ramadhan reviendra en pleine saison, le problème de la disponibilité, avec les statistiques du ministère de l'Agriculture, qui sont basées sur les superficies emblavées, nous laisse espérer que l'abondance et l'approvisionnement seront corrects». Et pour ce qui est des autres produits d'épicerie, «nous avons un dispositif de suivi en relation avec les producteurs, mais aussi avec les importateurs. Nous tenons régulièrement des réunions de coordination pour voir l'évolution du marché ; les données recueillies nous montrent que le marché sera correctement approvisionné». Et dans le cadre de la régulation du commerce, qui est l'un des moyens de lutte contre la spéculation, le ministre du Commerce, M. Benbada a, lors de son passage à la radio, fait état de l'ouverture, durant la première décade de juillet, du premier marché de gros de produits agroalimentaires. L'objectif étant, selon le ministre, d'«absorber les activités de Smar, et c'est à travers ce genre d'investissement que nous pouvons bien sûr réguler notre commerce, dans le mesure où nous allons créer des espaces de concentration de l'offre ; c'est extrêmement important». Il a fait état, en outre, d'«une initiative qui se profile également à Ghardaïa, à Oran et à Sétif. Nous sommes là pour l'accompagner. Le marché d'El Harrach va comprendre environ 170 ou 180 magasins, et nous allons étudier la possibilité de son extension sur 5 ha pour essayer de donner l'occasion à tous les commerçants de gros, de l'agroalimentaire, de Semmar». En raison du problème de la circulation d'Alger, que «tout le monde connaît», le ministre a souligné : «Il faut absolument que nous créions des espaces aménagés, structurés et identifiés pour pouvoir réguler d'une manière convenable» le marché. Le ministre du Commerce a, en revenant sur l'organisation des assises du commerce, affirmé que ces assises, qui avaient pour, entre autres, objectifs de «faire un état des lieux sérieux, exhaustif et sans complaisance et de recueillir un maximum de nouvelles propositions qui permettront au secteur d'avoir un nouveau souffle», ont permis de recueillir 170 propositions. Soit 60 recommandations dans le premier atelier, 40 recommandations dans le deuxième atelier ayant trait à l'encadrement du commerce extérieur, 42 recommandations pour le contrôle économique et 15 autres pour les ressources humaines et la communication, ce qui démontre, d'après le ministre, «l'intérêt pour les questions régissant le commerce en Algérie». Pour leur mise en œuvre, M. Benbada a indiqué avoir signé, lundi, la décision de création du comité intersectoriel pour le suivi de l'application des recommandations de ces assises, qui sera constitué de 17 représentants de secteurs différents, qui «constitue pour nous une feuille de route pour améliorer les défaillances qui existent au niveau du secteur du commerce, notamment dans le domaine de l'organisation». Le ministre du Commerce a indiqué que dans la transition économique des quinze dernières années, l'Etat a fait beaucoup d'«efforts dans le domaine économique, notamment dans les investissements, les infrastructures de base économiques et sociales, mais malheureusement le secteur du commerce a été laissé pour compte dans le domaine des investissements». Pour lui, «il faut absolument que l'Etat fasse un effort complémentaire dans la reconstruction des chaînes de distribution des différents produits, notamment les produits sensibles et de base», ce qui se fait sur la base d'«une chaîne de valeurs, en déterminant les missions de chaque intervenant, dans chaque niveau de la chaîne», a-t-il affirmé. Dans ce cadre, l'Etat va prendre en charge la réalisation des infrastructures structurantes, des marchés de gros à dimension nationale et régionale, mais les collectivités locales doivent contribuer à ce mouvement, a affirmé le ministre, en révélant qu'il compte présenter auprès du CPE, à partir de septembre, une demande permettant aux communes d'emprunter auprès des banques à des conditions privilégiées, pour réaliser des infrastructures commerciales de base.