La mobilisation affichée par la communauté internationale en faveur des aspirations de liberté brandies par les peuples arabes, et qui a nécessité des fonds afin de soutenir «la transition démocratique» dans les pays de la rive sud de la Méditerranée, contraste avec la sélectivité de l'approche. Au-delà du fait que le mouvement déclenché par une jeunesse brandissant un désir légitime de changement ait surtout contribué à une redistribution des cartes et des influences dans la région, les oubliés du printemps arabe s'enfoncent dans un dénuement total. Il en est ainsi dans les territoires palestiniens occupés, où l'Autorité palestinienne est incapable de payer les traitements de juillet de la moitié de ses fonctionnaires en raison d'une baisse de l'aide étrangère indispensable à sa survie financière. Le Premier ministre palestinien, Salam Fayyad, a précisé dans ce sens que l'Autorité accumule un déficit de plus de 500 millions de dollars en 2011, et a dû recourir à des emprunts auprès des banques durant ces derniers mois pour atténuer la crise. Or, l'ampleur du déficit est telle qu'actuellement, le traitement du problème financier par les banques est exclu. Ce qui a amené le ministre palestinien à lancer un appel aux bailleurs de fonds pour les inviter à honorer leurs promesses financières. Une situation qui tranche avec la proposition du G8 pour un paquet financier de 40 milliards de dollars pour soutenir le printemps arabe, sans oublier les contributions de la Banque européenne d'investissement et de la Banque mondiale. Les Palestiniens, eux, ne peuvent compter que sur les contributions au Fonds de soutien du budget de l'Autorité, ainsi qu'aux fonds d'Al Aqsa et d'Al Qods. Des contributions qui se réduisent comme peau de chagrin. Selon le New York Times, seuls trois pays arabes se sont acquittés, jusqu'à aujourd'hui, de leur contribution financière au Fonds de soutien du budget de l'Autorité palestinienne. Le quotidien new-yorkais qui citait Salam Fayyad, a précisé, dans sa livraison de lundi, que «les seuls pays arabes qui se sont acquittés de leurs engagements financiers au titre de l'année 2011 sont l'Algérie (elle s'est acquittée de sa contribution financière à ce fonds pour un montant de 26,4 millions de dollars pour l'année en cours, ndlr), les Emirats arabes unis et Oman». Il faut rappeler que sur les 971 millions de dollars promis par les donateurs pour l'année 2011, seulement 330 millions de dollars ont été versés, soit près du tiers des engagements financiers promis. La question se pose également pour les contributions à verser au titre des fonds d'El Aqsa et d'El Qods. Le ministre algérien des Finances a d'ailleurs appelé, la semaine dernière, à partir de la ville saoudienne de Djeddah, les pays membres des deux fonds «n'ayant pas encore versé leurs contributions à le faire». La question est vitale pour l'Autorité palestinienne, d'autant que les deux institutions contribuent aux travaux d'infrastructures et de reconstruction, notamment dans la bande de Ghaza qui, rappelons-le, a été pratiquement rasée suite à l'agression israélienne de décembre 2008. L'aide assurée par les pays arabes constitue l'essentiel des ressources de l'Autorité palestinienne et la seule source de croissance dans les territoires, lesquels doivent faire face à une asphyxie entretenue par Israël. En mai dernier, l'Autorité n'avait pas pu payer ses salariés en raison du gel par Israël du transfert des taxes et droits de douanes collectés en son nom par les Israéliens sur les importations et exportations palestiniennes. Dans un récent rapport, la Banque mondiale estime que les perspectives de croissance économique en Cisjordanie et dans la bande de Ghaza resteront «médiocres» aussi longtemps qu'Israël n'aura pas levé «des restrictions à l'accès de ressources naturelles et aux marchés». Elle s'alarme particulièrement de la situation dans la bande de Ghaza où le chômage dépasse 37% de la population active et où, en 2009, 71% de la population dépendait d'une aide sociale pour survivre. Or, toutes les tentatives des flottilles humanitaires pour briser le blocus ont échoué jusqu'à présent. La dernière en date reste bloquée dans les eaux territoriales grecques ; même si un bateau français a réussi, hier, à mettre le cap sur Ghaza. M. R.