Plus de dix millions de personnes sont menacées par la famine en raison d'une grave sécheresse, la pire jamais enregistrée depuis 60 ans en Somalie et dans les pays voisins (le Kenya, l'Ethiopie, Djibouti, l'Erythrée et l'Ouganda). Le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) de l'ONU qui parle de «tragédie humaine inimaginable» a tiré la sonnette d'alarme mardi soir en déclarant que «les violences incessantes associées à une sécheresse dévastatrice ont forcé plus de 135 000 Somaliens à fuir cette année». Rien que pour le mois de juin écoulé, ils étaient plus de 54 000 à quitter la Somalie pour le Kenya et l'Ethiopie, soit trois fois plus qu'en mai, a indiqué le porte-parole du HCR, Melissa Fleming, citée par la presse. Le nombre total des réfugiés somaliens au Kenya, au Yémen et en Ethiopie a dépassé la barre des 750 000, et ce chiffre risque d'être revu à la hausse si rien n'est fait d'ici quelques mois en faveur des populations qui subissent la guerre d'un côté et la famine de l'autre côte. «Cette sécheresse, combinée avec une violence rampante dans le sud et le centre du pays, est en train de transformer une des pires crises humanitaires de la planète en une tragédie humaine d'une proportion inimaginable», a insisté Mme Fleming. Désormais, «un quart de la population somalienne de 7,5 millions de personnes soit est déplacé (à l'intérieur du pays), soit vit à l'extérieur du pays en tant que réfugié», a-t-elle expliqué. Les chiffres de la famine, des prix des produits alimentaires et du taux de mortalité chez la population de l'Afrique orientale présagent les pires situations. Un enfant sur trois en fait est menacé par la sous-nutrition. Trois organisations humanitaires britanniques (Save the Children, Oxfam et la Croix-Rouge) ont déjà lancé un appel aux dons pour aider les enfants somaliens et ceux des pays voisins. Ces trois organisations estiment les besoins d'aide aux enfants affectés à plus de 150 millions de dollars, une somme qui sera difficile à collecter, soulignent certains médias, en raison de la lassitude des donateurs habituels, ont rapporté les médias occidentaux. Au Kenya où les Somaliens affluent en masse, les céréales coûtent entre 30 et 80% plus cher sur les cinq dernières années. Malgré l'aide de la Grande-Bretagne qui s'élève à presque 60 millions de dollars, l'Organisation des Nations unies n'arrivent pas à lutter contre la propagation de la famine dans cette région en proie aussi à des conflits interethniques autour du contrôle de points d'eau et de pâturage. Mais la région a besoin de plus que cela. Rien que pour la Somalie, l'aide dont l'ONU a besoin s'élève à 529 millions de dollars, mais à peine la moitié a déjà été collectée, alors qu'au Kenya 55% des appels aux dons ont pu difficilement être satisfaits. La chasse organisée par les islamistes Shebab, en guerre depuis 20 ans contre le pouvoir central somalien, a aggravé davantage la situation, mais ces derniers semblent avoir pris conscience en lançant hier un appel à l'aide humanitaire internationale pour porter secours aux milliers de déplacés dans la région de la Corne de l'Afrique. A noter enfin que 1,2 million de Somaliens sont déplacés à l'intérieur même de la Somalie, et l'accès à leurs camps est souvent difficile en raison de la présence des groupes islamistes rebelles au niveau des principales voies de circulation et d'acheminement de l'aide humanitaire. L. M.