Nul doute, le gouvernement Ouyahia a opéré une réelle volte-face quant à la politique économique du pays. Considérées jusqu'à une date très récente comme le choix idoine pour l'économie nationale, les dernières orientations d'Ahmed Ouyahia, qui a remplacé Abdelaziz Belkhadem à la tête de l'Exécutif en juin dernier, ont surpris la plupart des observateurs. Libéral, comme il se le revendique, le nouveau chef du gouvernement a opté pour un certain dirigisme économique allant à contresens des paris sur les investissements étrangers et les privatisations tous azimuts préconisés pour accompagner les vastes investissements publics afin de relancer l'économie. Ces options, considérées jusqu'à une date récente comme un choix stratégique, ont été évincées par les vents du changement ayant soufflé au lendemain du discours du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Le chef de l'Etat, parrain desdites stratégies, a avoué, lors de sa rencontre avec les maires, avoir fait fausse route sur certains choix imposés au pays par des conjonctures internationales. Le chef de l'Etat a, surtout, pointé du doigt les investisseurs étrangers, lesquels ont réalisé de gros bénéfices sans pour autant apporter une quelconque valeur ajoutée au pays. A quelques mois de la fin de son mandat, M. Bouteflika décide de rectifier le tir, et le gouvernement opère un revirement tangible. Premiers signes de ces changements, l'instauration de l'incessibilité du foncier industriel appartenant à l'Etat. Cette décision sera surpassée par celle relative aux projets d'investissement impliquant des capitaux étrangers. Le gouvernement n'affirme pas moins que sa volonté à faire disposer le pays de la majorité du capital. Le gouvernement Ouyahia n'a pas hésité à éplucher les bilans fiscaux des entreprises étrangères. Mieux, selon une des dispositions de la loi de finances pour l'exercice 2009, les bénéfices transférables des succursales et autres installations aux sociétés mères établies à l'étranger sont assimilables aux dividendes soumis à une imposition avoisinant les 15%. Ce durcissement de la législation envers les investisseurs étrangers s'accompagne, vraisemblablement, par de meilleures prédispositions envers les opérateurs économiques nationaux. Ces derniers, notamment le Forum des chefs d'entreprise (FCE), présidé par M. Hamiani, ont toujours averti des conséquences des paris sur les IDE. La dernière rencontre entre ce dernier et le chef de l'Exécutif semble être les prémices d'une nouvelle ère. Cette volte-face gouvernementale, marquée par de forts relents de patriotisme économique, soulève, cependant, plus d'une interrogation. Pourquoi avoir attendu tout ce temps pour redresser le gouvernail de l'économie ? La sélectivité très stricte que privilégie, aujourd'hui, l'Algérie à l'égard des investisseurs étrangers n'effaroucherait-elle pas des investisseurs qui, malgré tous les privilèges accordés, restent très réticents ? La législation aléatoire et très changeante des secteurs économiques ne décourage-t-elle pas les investisseurs les plus volontaires ? La privatisation des entreprises ne devrait-elle pas favoriser les nationaux ? La chute des cours de pétrole, la récession économique mondiale et la crise financière ne sont-elles pas les nouvelles donnes à prendre en charge pour le rééquilibrage de la stratégie économique du pays ? Ce sont autant de défis à relever par le gouvernement Ouyahia pour mettre l'économie nationale sur la voie de la relance. G. H.