De notre envoyé spécial Hassan Gherab La compétition de la 9e édition du Festival Paris Cinéma s'est clôturée en beauté avec la Guerre est déclarée (2011, France, 1h40), deuxième long métrage de l'actrice et réalisatrice française Valérie Donzelli. La beauté de ce film ne lui vient pas du fait qu'il soit basé sur la véritable histoire de sa réalisatrice et Jérémie Elkaïm, qui est d'ailleurs le co-auteur du scénario, mais de la manière dont cette histoire est «contée».La Guerre est déclarée commence par une belle histoire d'amour comme celle qu'on ne voit que dans… les films entre Roméo (Jérémie Elkaïm) et Juliette (Valérie Donzelli), les deux rôles principaux. Ils se marièrent, eurent Adam, mais ne vécurent pas heureux, car, à 18 mois, on décèle une tumeur dans la tête de bébé.Les images de l'annonce du cancer sont d'une force et d'une charge émotionnelle oppressantes. La douleur a la même intensité, même si son expression diffère d'un milieu social à l'autre. La détresse intégrée, le couple reprend le dessus et, avec un courage qui force le respect, se prépare au combat avec pour seul et unique objectif : sauver Adam. Et quand un des deux flanche, l'autre sera toujours là pour l'épauler et l'aider à remonter la pente pour que le front se reconstitue et reste toujours fort, même face au cancer qui se révèle très méchant après l'opération que subira Adam. Roméo et Juliette font table rase de tout pour pouvoir se consacrer corps et âme à leur petit. Ils mettent leurs vies entre parenthèses et sacrifient parents et amis afin d'avoir tout le temps pour accompagner leur petit jusqu'à la guérison à laquelle ils croient. Cette mise en veille du couple finit par lui être fatale. L'histoire saura éviter le happy-end. Le cancer n'a pas eu le dernier mot mais laissera des séquelles. Après sept ans de combat, Adam revient à la vie comme un enfant normal, mais dans un couple séparé.Et si on considère qu'un bon film est un film qui laisse des traces de son passage, la Guerre est déclarée en est alors. On ne peut pas en dire autant du long métrage En secret (Circumstance, 2011, Etats-Unis, Iran, Liban, 1h45) de Maryam Keshavarz, qui avait été projeté juste avant. D'abord, En secret est présenté comme un film iranien, mais il ne vient pas d'Iran, ni sa réalisatrice, ni ses acteurs ou ses lieux de tournage (Maryam Keshavarz, d'origine perse, est née à New York et vit aux Etats-Unis. Le tournage, lui, s'est déroulé au Liban). Quant à l'histoire, Maryam Keshavarz a tenté de mettre tout ce qui fait rébellion et/ou oppression dans ce pays liberticide. Homosexualité, masculine et féminine, musique, alcool, drogue et sexe y sont mêlés. De quoi valoir au héros du film, dans la réalité, et à son réalisateur – d'autant que le réalisateur est une réalisatrice – une condamnation en bonne et due forme en Iran, peut-être même la décapitation. Sauf que le film n'est pas véritablement iranien, pas en termes de nationalité mais de société, donc de réalisme. Dépourvu de cette caractéristique qui constituerait un atout, le long métrage apparaît dès lors comme une œuvre tout ce qu'il y a de cinématographique, une banale fiction. Et sous cet angle, le film n'a pas grand-chose pour accrocher. Les quelques scènes lubriques et les images de l'intégrisme ambiant, des déchirures de la société iranienne, de la répression menée par le pouvoir des mollahs et de ses capacités de récupération et de noyautage, sont ces clichés standards qui fleurissent dans les discours et les médias et qu'on peut accoler aussi bien à l'Iran qu'à l'Arabie saoudite, la Libye ou la Syrie. Au final, En secret n'est qu'un film, et on doit le voir et le juger en tant que tel, sans aucune dimension militantiste.