Le président du tribunal correctionnel de Chéraga près la Cour de Blida, a renvoyé, hier, l'affaire liée à l'homicide involontaire d'Aboubaker Guir au 20 septembre prochain. Ce renvoi est justifié par l'absence de certains accusés qui comparaissent librement. Dans ce procès qui devait s'ouvrir pour la première fois hier, quatre personnes sont mises en cause pour homicide involontaire, délit de fuite, non dénonciation et non assistance à personne en danger. Rappelons qu'il s'agit de l'affaire du jeune Aboubakr Guir qui a été atrocement tué le 2 octobre 2010 par un chauffard des mers. Le jeune Aboubakr pratiquait de la plongée à quelques mètres à peine de la plage faisant face à la résidence d'Etat Club des Pins, quand il a été violement heurté par les hélices d'un hors-bord. Son conducteur, le laissant pour mort, avait pris la fuite. Le corps de la victime était resté à flotter dans son sang, pendant deux heures avant d'être découvert par un conducteur de jet- ski qui a alerté les gardes-côtes. Sous le choc de la perte tragique de leur fils et ami, la famille et les amis du jeune Aboubakr ont organiser une marche au port de Sidi Fredj, quelques jours après sa mort, pour demander justice, crier leur rage et dénoncer le piétinement de l'enquête. L'enquête a été menée et le hors-bord qui a heurté le jeune Guir a été découvert grâce à la forme de l'hélice et des traces qu'elle a laissé sur le corps de la victime. Quatre personnes étaient à bord le jour de l'accident, une seule avait un permis de conduire mais n'était pas au volant. L'autre découverte faite par les enquêteurs est le fait que ce hors-bord n'avait ni rôle, ni assurance. Après avoir heurté le jeune Aboubakr, les mis en cause auraient quitté les lieux sans alerter les gardes-côtes, ni porter secours à la victime, selon l'enquête. Les accusés, quant à eux, continuent à nier les faits, affirmant avoir vu le corps flotter dans l'eau mais n'étant pas en situation régulière (l'embarcation étant sans assurance et sans rôle), ils ont choisi de ne pas donner l'alerte. Le conducteur du hors-bord, O. Youcef, a été poursuivi pour homicide involontaire, délit de fuite et non assistance à personne en danger. Ses trois amis ont été inculpés pour non dénonciation et non assistance à personne en danger. La famille Guir et les amis de la victime, qui attendent impatiemment la tenue du procès, étaient tous présents hier au tribunal de Chéraga. Vêtus de tee-shirts à l'effigie de la victime, ces derniers n'ont pas encore séché leurs larmes. Tous, comme la mère d'Aboubakr, ne pardonnent pas. Car «Aboubakr a été abandonné, ensanglanté sous l'eau. Il était peut-être encore en vie». Eplorée, la famille Guir dit croire au «Maktoub»: «un accident mortel peut arriver certes mais si le conducteur du hors-bord avait pris la peine de tenter de secourir Aboubakr ou juste de retirer son corps de l'eau, on aurait pu accepter la cruauté du destin.» Le 20 septembre prochain, les Guir et leurs amis seront, de nouveau, au rendez-vous car ils tiennent à ce que toute la vérité soit faite sur les circonstances de cet accident. Ils ne sont pas seuls dans cette quête. De nombreux citoyens, solidaires de leur cause, veulent mettre fin au «terrorisme» de la mer. Avec leur démarche, ils espèrent alerter les pouvoirs publics sur les risques mortels engendrés par les jet-skis et les hors-bords qui circulent en toute impunité à quelques mètres de la plage. Aboubakr n'est pas la seule victime de ces pratiques inconscientes. Mais c'est une victime de trop. A qui incombe la faute ? Faudra-t-il attendre d'autres victimes pour que les autorités réagissent ? H. Y.